Alors que le mouvement bodypositive a permis ces dernières années de faire prendre conscience d'un besoin de représentation en termes de type de corps et de couleurs de peau, l'industrie de la mode s'éloigne lentement des standards de beauté qu'elle a contribué à imposer à la société.
Si elles sont qualifiées de plus size, c'est surtoutparce que les marques peinent encore à proposer des tailles adaptées à la réalité des corps. Elles sont avant tout mannequins et illuminent chaque catwalk ou pages de magazines dans lesquelles elles paraissent.
Focus sur les 14 tops pulpeuses que l'on ne se lasse pas de voir gravir les échelons de la mode.
Precious Lee
Si elle exerce dans le mannequinat depuis plus d'une décennie, son heure de gloire a enfin sonné.
Ces dernières saisons, Precious Lee est plébiscitée aussi bien par les marques que par les magazines de mode et les plus grandes maisons de luxe.
Au défilé Versace printemps-été 2021, lors du show Balmain printemps-été 2022 pour les 10 ans d'Olivier Rousteing à la tête de la griffe, en ouverture de la 40e collection du designer Christian Siriano... Les courbes de la top américaine sont vénérées par les créateur-rice-s. Avec son minois poupin et sa silhouette pulpeuse, elle est même devenue l'une des muses de Savage X Fenty, la marque de lingerie inclusive initiée par Rihanna.
À 33 ans, Precious Lee a été la première model noire plus size à poser sur la couverture du magazine Sports Illustrated. Elle est également adoubée dans toutes les capitales de la mode.
Alva Claire
Signée au sein de l'agence IMG Models, Alva Claire figure dans le top 50 du site Models.com réunissant les 50 futures stars du mannequinat.
C'est en 2020 que la mannequin anglaise basée à New York commence à faire du bruit dans l'industrie, lorsqu'elle participe au show Versace printemps-été 2021. "Je suis si émue, j'ai toujours rêvé de défiler pour Versace", écrit-elle alors avec émotion sur son compte Instagram. Au passage, elle salue le fait qu'elle n'est pas la seule modèle dite plus size présente sur le podium : "Je suis si fière de Precious Lee, Jill Kortleve et moi-même. Nous avons écrit l'histoire et je n'oublierai jamais l'émotion que je ressens en ce moment même."
Comme Precious Lee, elle connaît la renommée après une décennie de labeur. Aujourd'hui, son minois apparaît dans des publicités et dans les pages des plus prestigieux magazines. Elle fait même la couverture de l'édition britannique du ELLE en juillet 2021.
Sur son CV, les noms Balmain, GCDS, Collina Strada et Calvin Klein figurent en pole position. Sans oublier celui de Savage X Fenty, la marque de lingerie fondée par Rihanna, qui a fait appel à la top à plusieurs reprises.
Paloma Elsesser
Il n'y en a pas deux comme elle ! À 30 ans, Paloma Elsesser est une Afro-Latina Américaine découverte sur Instagram par la légende du make-up, Pat McGrath.
Depuis, elle a posé pour Nike, Glossier, Fenty Beauty, mais aussi pour les magazines de mode Teen Vogue, W, Interview et Vogue US. Sur les podiums, elle a été aperçue chez Proenza Schouler, Alexander McQueen, Lanvin, Fendi ou encore Ganni. Un parcours impressionnant, consacré en 2020, lorsqu'elle est élue mannequin de l'année.
"J'aime le fait de pouvoir changer la façon dont les gens se perçoivent", déclarait-elle à Marie Claire dans une interview à propos de sa campagne pour Mango Violeta. Mission accomplie.
Denise Bidot
Avec sa taille 46, Denise Bidot est une autre mannequin "grande taille" en vogue dans l'industrie de la mode. L'Américaine a commencé par collaborer avec des marques comme Forever 21, Target, Levi’s, Nordstrom ou encore Macy’s.
En 2014, pendant la Fashion Week de New York, elle devient la première mannequin plus size à défiler pour des marques non spécialisées dans les grandes tailles à l'instar de Chromat, l'une des griffes les plus inclusives de la scène new-yorkaise, mais aussi Savage x Fenty, le label de lingerie créé par Rihanna.
Vedette de la série Curvy Girls, Denise Bidot est aussi une défenseure de l'acceptation du corps.
Jari Jones
Égérie de Calvin Klein, la mannequin, actrice réalisatrice, activiste trans et plus size Jari Jones est en passe de devenir une figure incontournable de l'industrie. Elle fait d'ailleurs partie des personnalités en cover du Teen Vogue de septembre 2020 et apparaît dans un éditorial du British Vogue.
En plus d'un passage remarqué au Festival de Cannes pour le film qu'elle a produit, Port Authority, qui voit une femme trans avoir un rôle majeur au cinéma, elle a écrit de nombreux essais sur les questions queer, transgenres et raciales dans des médias comme The New York Times, Nylon ou encore Out Magazine.
Lors d'une interview pour Yahoo, elle revient sur sa campagne pour Calvin Klein en ces termes : "C'était important pour moi de glisser le fait que j'étais grosse. Pour que les gens comprennent qu'un corps gros mérite d'être célébré. Il mérite l'amour, il mérite le respect. Toutes ces intersections, le fait que je sois grosse, trans, noire... Cela devait être vu et verbalisé directement."
Ashley Graham
Ashley Graham fait partie des rares mannequins dites plus size à figurer sur Models.com. Comprise dans leur top 50 des mannequins qui fonctionnent le mieux, mais aussi des plus "sexy", de celles qui gagnent le plus d'argent par shootings et défilés, elle est également classée en tant qu'icône de l'industrie aux côtés de tops models tutélaires comme Alek Wek, Imaan Hammam ou encore Constance Jablonski.
Je pense vraiment que mon corps a changé la vie de nombreuses personnes
Si elle est officiellement mannequin depuis les années 2000, c'est sa une de Sports Illustrated en 2016 qui la révèle aux yeux du monde. C'est la première fois que le magazine de sport met en couverture une mannequin "grande taille". La même année, elle figure sur les covers de Grazia UK et de Maxim, devient égérie pour H&M et dévoile une poupée Barbie à son effigie.
Depuis, elle a posé pour Vogue US, Harper s Bazaar, Glamour et Marie Claire Italia, a défilé pour Prabal Gurung, Dolce & Gabbana ou encore Christian Siriano et Michael Kors.
Dans une interview accordée à Vogue en 2019, elle déclarait : "Je pense vraiment que mon corps a changé la vie de nombreuses personnes. J'ai utilisé mon corps comme un outil pour parler de sujets tabous, tels que la cellulite ou l'insécurité au sujet de la graisse du bas du ventre - et aussi [comment] parler de la vie dans votre corps et avoir une sorte de conversation affirmative avec vous-même. Et je connais les vies qui ont changé : des jeunes filles et même des femmes de mon âge qui m'ont écrit et m'ont dit: "Je n'ai jamais aimé la peau dans laquelle j'étais jusqu'à ce que j'entende votre histoire".
Alexis Ruby
Alexis Ruby est l'un des nouveaux visages de la mode qualifiés de plus size. Muse de Marc Jacobs, elle a également défilé pour Nike ou encore Tommy Hilfiger et a pris la pose pour des titres comme V Magazine, Paper Magazine et Love magazine.
Lors d'une interview pour Vogue après son premier show Marc Jacobs, la top rendait hommage à Ashley Graham qui a, selon elle, rendu possible l'existence des mannequins plus size au sein de la mode.
"Je ne suis ici que parce qu’elle a ouvert la voie et rendu cela possible, mais aussi parce qu'elle m'a donné le sentiment que je pouvais y arriver", a déclaré Alexis Ruby avant de poursuivre : "La partie la plus gratifiante de mon travail est de savoir que je contribue à changer la façon dont le monde voit la mode et la direction vers laquelle évolue cette industrie."
Marina Bulatkina
La mannequin d'origine russe, Marina Bulatkina, a fait la campagne de Maidenform, Bare Necessities, et Century 21. Elle est aussi le visage de la marque grande taille Svesta, en Russie. Comme beaucoup de modèles curvy, ce mannequin à la taille 46 est une défenseure de l'acceptation du corps et de l'amour de soi.
En 2018, elle a lancé by Marina Bulatkina, sa griffe de vêtements portée par le slogan "Si vous ne le trouvez pas, concevez-le !". Contrairement à la plupart des griffes sur le marché, elle ne part pas de la taille la plus mince pour ensuite l'étendre jusqu'à la grande taille, mais se base sur un corps aux formes généreuses pour valoriser les courbes de chacune.
"Nous croyons qu'une femme est plus belle lorsqu'elle se sent en confiance. Toutes les femmes méritent de ressentir la meilleure version d'elles-mêmes, tout le temps", écrit-elle sur son site.
Clémentine Desseaux
Mannequin française installée aux États-Unis, Clémentine Desseaux est une licorne dans l'histoire de la mode nationale. Car si les sujets body positive sont aussi discutés en France, les lignes de la scène mode française sont lentes, voire réticentes à bouger sur la question.
"Pour Paris, capitale de la mode, du luxe, c'est une question d'image, personne n'a envie de voir une Parisienne avec des formes. Dans la tête des gens, à l'étranger, c'est Ines de la Fressange, c'est Coco Chanel, et les formes, ça ne colle pas", déclarait-elle à ce propos au média Fashion Network, en 2015.
Avec sa carrière américaine, Clémentine Desseaux est apparue dans des campagnes Nike, Levi's ou encore Christian Louboutin.
Candice Huffine
Candice Huffine a fait deux fois la couverture du Vogue Italia, a pris la pose pour Grazia UK, ELLE US, Vogue Mexico, Harper's Bazaar, V Magazine, W, mais aussi Swarovski et Violeta by Mango. Côté défilés, elle a participé aux shows Victoria's Secret, Christian Siriano, Cushnie et Prabal Gurung.
Mais le chemin n’était pas tout tracé pour la mannequin considérée plus size. Elle se souvient avoir été recalée d'un casting parce qu’elle n’était pas assez mince. "Une agence m’a dit : "Si vous perdez 15 kilos, on signe avec vous", racontait-elle dans une interview. "C’est fou comme il y a des moments où un événement va changer le reste de votre vie. Et c’était ce moment. Je m’accepte. Mon corps a la taille qu’il a, je mange sain, je travaille et mon poids ne bouge pas. C’est que je suis telle que je dois être."
Tara Lynn
Tara Lynn a déjà fait la couverture du ELLE Espagne et pris la pose pour Glamour ou encore V Magazine. Ces deux dernières années, elle est apparue dans les campagnes publicitaires H&M, Mango Violeta et a défilé pour 11Honoré, Christian Siriano,
"Lorsque vous devenez adulte, vous vous rendez compte que vous n’avez pas besoin de rentrer dans les cases. Vous n’avez pas besoin de ressembler et de penser comme tout le monde", a-t-elle confié au magazine ELLE US. "À un moment, j’ai réalisé que je n’étais pas bien dans mon corps et que je devais reprendre le contrôle. C’était il y a quelques années, au collège, j’ai perdu un peu de poids, je me sentais forte, belle et j’avais repris le contrôle. Après ça, j’ai eu assez de courage pour me rendre dans une agence et me rendre compte que mon corps, ma taille 44/46 est un beau corps, il est le mien, et je me sens bien dans ma peau."
Odile Gautreau
"[L'inclusivité], c'est arrêter de mettre de côté des personnes qui existent, arrêter de les invisibiliser du fait de leur ethnicité, leur morphologie ou leur spécificité physique. On peut y faire entrer le spectre du handicap aussi, jamais mis en avant dans la presse ou dans la mode. Au final, c'est inclure toutes les personnes qui composent la société. Tout le monde a le droit d'être représenté", déclarait Odile Gautreau à Marie Claire en mars 2021.
Aujourd'hui, les marques se bousculent au portillon de la mannequin française. Ester Manas, Selkie, Nike ou encore Koché, première marque à l' avoir fait défiler. Côté magazines, Paulette, Censored et Antidote lui ont ouvert leurs pages.
Tess Holliday
Mannequin depuis l'âge de 15 ans, Tess Holliday est l'une des figures de proue du mannequinat plus size et de la mouvance body positive. Depuis, la mannequin a collaboré à des marques de mode et de beauté comme Benefit ou H&M, est apparue dans des shootings pour Vogue Italia, Marie Claire UK, Nylon et Self Magazine.
Première mannequin de taille 56, elle défile pour Chromat dans le cadre de la collection printemps-été 2020, vêtue d'une robe sur laquelle étaient inscrits les mots "sample size". En plus de sa carrière de mannequin, elle a lancé le mouvement #EffYourBeautyStandards et une marque de mode.
"Il y a tellement de gens qui pensent qu'être une mannequin taille plus [signifie] que je dois être en mauvaise santé ou que je préconise un mode de vie malsain. Et au début, c'était très dur, je me suis blâmée, puis j'ai pensé... Ma santé ne les regarde pas", racontait-elle à Paper Magazine en janvier 2016.
Robyn Lawley
La modèle australienne à la taille 44 Robyn Lawley a fait une campagne publicitaire dans le même numéro de Sport illustrated qu’Ashley Graham. Véritable précurseure, elle est la seconde top grande taille à figurer en cover de l'édition française de ELLE et première mannequin plus size à être shootée pour Vogue Australie, GQ Australie et Cosmopolitan Australie.
Pourtant, malgré le fait que Robyn Lawley redéfinisse la notion de beauté, elle garde les pieds sur terre et déclare au Time : "Je ne sais pas si je me considère ou non comme une modèle grande taille. Je me considère plutôt comme une mannequin qui essaye d’aider les femmes à accepter leur corps".