Difficile de la rater. Avec ses cheveux rasés, son physique de garçon manqué et son expression fermée, Ruth Bell détonne dans le paysage ultra standardisé du mannequinat. Et pourtant, on l’a vue déambuler sur absolument tous les défilés, de Gucci à Vaccarello, en passant par MaxMara, Versace et Etro. Last but not least, elle est la nouvelle égérie de Saint Laurent, sublimée par l’objectif d’Hedi Slimane, la propulsant au rang galvaudé de nouvelle fille à la mode, pour ne pas dire it-girl. “Il est tellement bon dans ce qu’il fait ! C’est génial de pouvoir le voir travailler et créer ses images incroyable.” avait-t-elle d’ailleurs confié à la presse britannique au sujet du créateur, connu également pour ses clichés captivants d'icônes rock.

Campagne SAINT LAURENT Cruise 2016

Mais contrairement aux apparences, la jeune top de 19 ans n’a pas toujours eu cette dégaine néo-punk. Lorsque l'on regarde ses premières campagnes pour Topshop aux côtés de sa sœur jumelle, May, on découvre une adolescente presque comme les autres, au teint de porcelaine et à l’allure fragile, qui nous rappelle vaguement une certaine Kate Moss à ses 14 ans. Très proches, les deux sœurs ont grandi dans le bucolique comté d'Angleterre Kent, avant d’être repérées lors du concours Elite Model qu’elles ont toutes deux remporté. 

May et Ruth Bell

Les contrats et les shootings s'enchainent, mais c’est une campagne pour Alexander McQueen qui permet à la carrière de Ruth de décoller. Deux jours avant la séance photo, la marque et la mannequin conviennent qu'elle se rasera les cheveux. Un choix que la british assume complètement et dont elle mesure les conséquences aujourd'hui avec une maturité qu'on lui envie. 

Ruth Bell pour Alexander McQueen

“Cela m’a permis de décrocher des contrats plus variés et surtout ça m’a permis de travailler non-stop, ce qui est complètement crevant mais génial à la fois. J’ai pu travailler avec des gens et des créateurs avec qui je n’aurai jamais travaillé auparavant.” a t-elle expliqué. Bien que radical, ce "changement de tête" reste cohérent avec la personnalité de Ruth, qui a toujours été bien plus garçon manqué que sa sœur. "Vous devrez me forcer pour porter des robes, à moins que je sois payée pour le faire" avait-elle confirmé dans une interview pour Topshop. Une déclaration qui n'a pas découragé les créateurs, certains l'ayant affublé de pièces printemps-été très féminines ou au contraire très masculines, l'objectif étant finalement le même : jouer avec son physique androgyne intriguant, qui s'inscrit parfaitement dans la tendance "no gender" du moment, pour définir une femme aux identités multiples. Plus qu'une fille au masculin, Ruth Bell est finalement l'incarnation du top model de demain : singulière et toutes les femmes à la fois.