Toutes les fois où Alexandria Ocasio-Cortez a utilisé la mode pour envoyer un message

C’est sûrement sa tenue qui a fait couler le plus d’encre : le 13 septembre 2021, la représentante de New York a débarqué au Met Gala, l’un des événements les plus en vue de la mode, organisé par Vogue pour soutenir le musée new-yorkais et dont les tickets sont à 35 000 dollars.

Pour cette édition "En Amérique : un lexique de la mode" Ocasio-Cortez portait une robe Brother Vellies, marque plutôt écologique fondée par la designer engagée Aurora James. À l’avant de la tenue, une coupe élégante inspirée du workwear agrémentée par une finition en tulle.

C'est l'arrière de la robe qui a déclenché un torrent de réactions sur les réseaux sociaux : un grand slogan, TAX THE RICH, "taxez les riches", en rouge vif.

Même au sein de cercles démocrates, théoriquement proches de la politicienne, la tenue a divisé par sa simple présence à un événement mode. Cependant, on peut saluer l’audace d’afficher ce message - simple mais considéré comme radical - à l’un des événements regroupant le plus de millionnaires à New York.

D’autant qu'en 2018 aux Etats-Unis, les 400 américains les plus riches étaient proportionnellement moins taxés que les 50% les plus pauvres de la population. Globalement, cela fait une vingtaine d'années que les 1% des plus riches possèdent près de la moitié des richesses mondiales.

La robe fait cependant l’objet d’une nouvelle controverse : le comité d’éthique du Congrès enquêtait en mars sur des règlement de facture tardifs à Brother Vellies, ce qui pourrait indiquer que la politicienne aurait initialement prévu de l’accepter comme cadeau, une pratique incompatible avec son poste.

AOC affirme ne pas avoir été mise au courant par son équipe des règlements tardifs. Depuis, aucun nouvel élément n’a été communiqué.

Pour sa cérémonie d’investiture à 28 ans, AOC a porté un smoking uniformément blanc. "J'ai porté du blanc aujourd'hui pour honorer les femmes qui ont ouvert la voie avant moi, et pour toutes les femmes à venir. Des suffragettes à Shirley Chisholm, je ne serais pas là sans les mères du mouvement" a-t-elle détaillé.

Le "blanc sufragette" était en effet répandu dans le mouvement pour les droits des femmes dès le début du XXe siècle.

La popularité de cette couleur a perduré : Shirley Chisholm portait du blanc en 1969 lorsqu'elle est devenue la première Afro-Américaine élue au Congrès, puis en 1972 quand elle s’est présentée à l'investiture du parti Démocrate pour l'élection présidentielle.

Ocasio-Cortez a de nouveau porté un costume blanc pour sa couverture de Vanity Fair sur sa réélection en 2020. Attaquée par les conservateurs sur le fait qu’elle s’affichait avec des vêtements chers (une remarque rarement faite à ses collègues), elle a rappelé que la plupart de sa garde robe était louée et de seconde main.

Un geste économe et éco-responsable.

Toujours lors de son investiture et de nombreuses fois après, AOC a affiché un look beauté marqué par des lèvres rouge vif et des créoles en or.

Selon elle, ce look était inspiré par Sonia Sotomayor, 111e juge à siéger à la Cours Supreme américaine : “On lui avait conseillé de porter un vernis à ongles de couleur neutre lors de ses audiences de confirmation pour éviter d'être examinée. Elle a gardé son rouge. La prochaine fois que quelqu'un demandera aux filles du Bronx d'enlever leurs cerceaux, elles pourront dire qu'elles s'habillent comme une députée.”

Un statement esthétique et politique qu’elle a reconduit, notamment pour le rouge à lèvres. Dans le cadre d’un discours très médiatisé, où Ocasio-Cortez répondait au sénateur Républicain Ted Yoho qui l’avait traitée de “fucking bitch” sur les marches du Congrès, elle affichait une bouche et une veste rouge flamboyantes pour marquer sa présence sans excuse au Congrès.

Comme elle l’a indiqué à Vanity Fair : “J'avais une petite peinture de guerre ce jour-là, c'est sûr.”