Qui a dit que la casquette était un accessoire moderne ? Bien au contraire, l'accessoire synonyme de jeunesse, sport ou encore de cultures urbaines relève moins d’une invention du prêt à porter que d’une véritable antiquité.

Et pour cause c’est au milieu du XIXe siècle, alors que les premiers joueurs de baseball cherchaient un moyen efficace de se protéger du soleil, que début l’histoire palpitante de la casquette.

En 1849, l'équipe des New York Knickerbockers adopte une casquette en paille dotée une visière et donne ainsi naissance, presque sans le savoir, au plus emblématique des couvre-chefs. Pourtant, ce n'est qu'au début du XXe siècle que la casquette de baseball commence à prendre sa forme actuelle et plus particulièrement, dans les années 1920, les joueurs professionnels recherchant désespérément une solution pour ne plus être aveuglés en pleine partie.

La casquette à visière allongée et à couronne arrondie, popularisée par la légende des Yankees de New York, Babe Ruth, devient alors rapidement un incontournable des terrains de baseball.

Sa fonctionnalité et son design pragmatique séduisent alors non seulement les sportifs, mais aussi le grand public qui jette son dévolu sur l’accessoire typiquement transatlantique.

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Des terrains sportifs à Hollywood

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Rapidement le succès de la casquette de baseball dépasse les limites des terrains de sport. Dans les années 1930, des personnalités issues de milieux intellectuels Ernest Hemingway, adoptent ce couvre-chef, qui devient presque une partie intégrante de son style vestimentaire.

Dans les années 1950, la casquette de baseball devient carrément un accessoire de mode, de ceux qui sont d’abord adoptés par une poignée d'happy fews et d’artistes au style iconoclaste.

C'est le cas par exemple de l'acteur français Lino Ventura, alors connu pour son style atypique, qui adopte la casquette dans toutes ses versions, alors que la casquette plate britannique façon Peaky Blinders reste encore la norme.

Le monde du cinéma, a fortiori hollywoodien en fait son accessoire de prédilection, l’accessoire devenant synonyme d’un sens du cool typiquement américain. On pense au réalisateur Steven Spielberg qui, toujours coiffé d’une casquette dès les années 70 y compris sur le désormais iconique tournage des Dents de la mer, contribue à l’intégrer dans la panoplie de tout réalisateur qui se respecte.

Puis, sur le grand comme le petit écran, des héros masculins comme Tom Selleck dans Magnum, Mac Gyver ou Tom Cruise dans Top Gun font de la casquette l'ultime accessoire des trentenaires en quête de style affirmé.

 

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Style et capitalisme

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Le succès est tel que les publicitaires en font un support de choix, la "réclame" s’extirpant de ses panneaux d'affichage habituels pour s’immiscer dans nos vestiaires, du t-shirt à l’éventail en passant bien évidemment par la casquette mué en outil promotionnel de choix, que ce soit chez les grands groupes agricoles ou certaines marques de boissons dont nous tairons le nom.

C'est alors l’apparition du trucker hat (soit littéralement la casquette de camionneur), une casquette au design plus proche de sa forme actuelle, plus rigide, plus bombée, de sorte à faire apparaitre le logo qui y est apposé ou brodé de manière plus visible. Objet dérivé par excellence, il devient le symbole d’un capitalisme en pleine effervescence, et d’un esprit de corps qu’on affiche avec fierté.

Aux États-Unis et au Royaume-Unis, les universités les plus prestigieuses en font (presque malgré elle) l’accessoire ultime d'une jeunesse privilégiée à l’attitude un brin effrontée.

Une dégaine que reprendra même la plus rebelle des têtes couronnées, Lady Diana brisant le dress code protocolaire en s’affichant avec une casquette qui - elle le sait - lui confère une allure plus badass que jamais.

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D'accessoire rebelle à l’apparat conventionnel

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Et pour cause, comme le sweatshirt, la casquette fait partie de ces attributs vestimentaires unisexe qui contribue à l’émancipation des femmes en les aidant à conquérir des espaces dominés par les hommes - comme celui du sport… et plus généralement la sphère publique.

Symbole de modernité et d'audace, la casquette sera dès les années 90 adoptés par d’autres minorités - ethniques, culturelles ou socio-economiques - qui en feront un symbole de contestation et d’anticonformisme.

C'est le cas des artistes issus des contre-cultures urbaines, comme le rap, le hip-hop mais aussi les musiques électroniques, qui n'hésitent d’ailleurs pas à la porter à l'envers en signe de défiance à l'establishment qui la porte bien droite, bien vissée sur leurs deux oreilles.

Démocratisées, normalisées, les cultures undergrounds et leurs vestiaires s’invitent dès les années 2010 sur les podiums des grandes maisons de luxe qui voient dans le sportswear mais aussi le streetwear une source inépuisable de créativité stylistique.

Il n'en fallait pas plus pour voir la casquette de NWA et des Beastie Boys débarquer sur les têtes des mannequins Burberry ou Gucci, avant d’être adoptée en masse par les it-girls et autres influenceuses à l’esthétique bien léchée.

Plus bourgeoise que jamais, la casquette se pare aujourd’hui des logos des marques dans l’air du temps, s’affichant (peu importe la météo) moins en signe de rebellion qu'en objet de ralliement, sans prise de tête.

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