Marseille a le chic pour défier les clichés et vous aimanter par surprise. En choisissant cette belle et intranquille cité du sud pour son défilé Croisière 2024/2025, après Monaco ou Los Angeles les années précédentes, la directrice artistique Virginie Viard a intrigué son monde : Chanel sur la planète Marseille, c’était la promesse d’un choc vibrant, d’un luxe décalé.
Le symbole, déjà, d’une ode à la liberté, à la fraicheur ludique, à la solarité. C’est sur le toit de la Cité radieuse que s’est tenu le show malgré le ciel gris et le mistral piquant. Lieu d’exception, cette utopie architecturale imaginée par Le Corbusier s’érige en une cité-verticale brutaliste de 337 appartements, construite entre 1947 et 1942 et toujours occupée : l’on croisait d’ailleurs, dans les ascenseurs menant vers le sommet, quelques habitants y logeant à l’année – la doyenne a plus de 100 ans et a, comme les autres, été conviée le soir même à une projection du défilé.
Depuis ce splendide toit-terrasse embrassant toute la ville, on aperçoit la Méditerrannée, et Virginie Viard y a plongé avec délice, nourrie de références multiples. "La mer et le vent m’ont soufflé l’idée de détourner les combinaisons de plongée", confiait-elle, louant les codes qui font de Marseille une cité à la créativité ébouriffante depuis quelques années : "L’architecture, la musique, la danse : la ville dégage pour moi un très fort sentiment de liberté, elle est une invitation au mouvement".
Son énergie et sa sensualité vive émanaient des mannequins, petits matelots gracieux aux lignes pures et pop et aux couleurs Corbu -ravissantes robes sixties jaunes et vertes aux poches en broderies de paillettes Lesage comme des mosaïques évoquant la façade de la Cité radieuse.
L’architecture, la musique, la danse : la ville dégage pour moi un très fort sentiment de liberté, elle est une invitation au mouvement.
Et toujours cette allure déliée de filles cool en talons plats (tongs ou ballerines) et à l’aisance folle accordée par les coupes des shorts, des mailles crochet, des bloomers, des sweats et pantacourts jogging. La femme Chanel est libre de ses mouvements. La voilà qui pique une tête dans la Méditerrannée et en ressort en maillots zippés, jerseys à vaguelettes de volants, bijoux coquillage, mailles filet de pêche et tailleur argenté comme s’il était cousu de nacre. Quelques cyclistes apparaissent, ce bermuda moulant qui ne fait jamais l’unanimité : "Je suis pour !", clamait l’actrice Lily-Rose Depp au micro de Caroline de Maigret (toutes deux ambassadrices Maison) sur Radio Chanel, la station créée in situ pour l’occasion.
Autres célébrités présentes au défilé, les comédiennes Marion Cotillard, Anna Mouglalis, Anamaria Vartolomei, Lyna Khoudri, Zita Hanrot, le rappeur du cru SCH et son ainé Akhénaton, le photographe JR et le réalisateur Ladj Ly, ainsi que les danseurs de (LA)HORDE qui avaient imaginé le trailer du défilé, avec Ladj Ly.
Enfin, parce que la maison Chanel aime prendre le temps de tisser des liens avec les lieux où elle s’installe, elle propose une exposition de la Galerie 19M hors les murs, sur le Vieux-Port, au fort Saint-Jean, qui jouxte le Mucem (entrée gratuite sur réservation jusqu’au 26 mai). Une immersion artistique en dialogue avec des talents locaux pour découvrir les Métiers d’art, de la broderie au tissage ou à la céramique, avec des ateliers participatifs dont l’un (Atelier Murmuration) consistant à broder avec la Maison Lesage des centaines d’étourneaux en paillettes de perles qui s’envoleront en septembre vers la galerie 19M à Aubervilliers.
Le match retour de l’aventure marseillaise.