Qu’est-ce qui fait qu’un bijou passe à la postérité ? Plus que des pièces d’apparat, certain-e-s diront que ce sont des objets dont l’essence dépasse l’apparence. Des bijoux qui, au-delà de l’ornement qu’ils confèrent à une silhouette, s’imposent par leur design, leur audace, leur savoir-faire et leur capacité presque insolente à transcender les tendances pour mieux les défier.
Certains ont su capturer l’imaginaire collectif par leur modernité, d'autres par leur symbolique intemporelle. On les appelle Serpenti, Alhambra ou encore Quatre, références ultimes de la haute joaillerie.
Juste un Clou de Cartier, la rébellion à l’état pur
Imaginé en 1971 par Aldo Cipullo, le bracelet Juste un Clou dépasse d’emblée les frontières de la joaillerie pour s’imposer comme une véritable déclaration d'indépendance de l’une des plus prestigieuses maisons françaises.
En pleine révolution des mœurs, Cartier ose transformer un morceau de métal industriel en objet de désir, à la faveur d’un bracelet en or qui reprend les contours sinueux et sophistiqués d’un clou métamorphosé en bijou convoité.
Symbole d’un luxe décomplexé, son design minimaliste et unisexe rompt avec les codes classiques de la joaillerie, alors souvent ostentatoires, tout en se parant d’or jaune, rose ou blanc, parfois pavé de diamants.
Quatre de Boucheron, le dialogue des matières
Lancée en 2004, la collection Quatre de Boucheron s'impose rapidement comme un manifeste de modernité.
Une ligne d’apparence géométrique, qui réunit en une seule pièce quatre motifs distincts, chacun représentant un aspect du savoir-faire de la maison : le Clou de Paris, inspiré des pavés parisiens, le Grosgrain, en hommage à l’héritage couture de Frédéric Boucheron, les Godrons, symboles de l’union et du partage et le serti miroir, qui capte la lumière avec éclat.
Cette superposition de textures et de métaux produit un jeu de contrastes saisissant et révèle une signature stylistique immédiatement reconnaissable. Un intemporel.
Blossom de Buccellati, renaissance florale
Ode à la nature et au raffinement de la Renaissance italienne, la collection Blossom de Buccellati — maison milanaise fondée en 1919— s'inspire des jardins toscans pour créer des fleurs délicatement ciselées dans des métaux précieux.
Chaque pétale, gravé à la main grâce à la technique du rigato, semble frémir sous la lumière tandis que les motifs floraux, associés à des pierres aux teintes douces comme la morganite et l’améthyste, évoquent une nature éternelle. Une gamme qui convoque le savoir-faire ancestral et le design contemporain, au service de l’art de la gravure.
Les collections Peretti pour Tiffany & Co. : l’essence du design organique
Lorsqu’Elsa Peretti rejoint Tiffany & Co. en 1974, elle s’applique à révolutionner l’image de la maison américaine avec des créations empreintes de nature et de simplicité.
Fascinée par les formes organiques, celle qui se forma initialement à l’architecture introduit des pièces emblématiques comme le Bone Cuff, le Bean et l'Open Heart.
Novatrice, son approche sublime la beauté des courbes naturelles, sans ornements superflus et séduit encore aujourd’hui des amatrices de joaillerie en quête de modernité et de sobriété.
Balance de Tasaki, la légèreté en équilibre
Reconnue pour ses perles de culture et sa précision artisanale, la maison japonaise Tasaki, fondée en 1954, propose avec la collection Balance une réinterprétation moderne de ce joyau des mers. Le concept ? Des sphères nacrées alignées en équilibre parfait sur une structure linéaire en or, qui esquissent un design épuré et raffiné.
Une façon de mettre en valeur la perfection sphérique des perles Akoya et de Tahiti, tout en évoquant minimalisme, symétrie et harmonie, dans la pure tradition de la culture japonaise.
Serpenti de Bulgari, l’élégance de la métamorphose
Depuis sa création dans les années 1940, la collection Serpenti de Bulgari n’a cessé de fasciner. Inspirée de la mythologie romaine, dans laquelle le serpent symbolise la sagesse, la renaissance et la protection, cette ligne est également le synonyme d’une haute joaillerie à la sensualité envoûtante.
Les premières pièces ? Des montres-bracelets en Tubogas, ce savoir-faire hérité de la technique des forgerons de la Rome antique. Puis, c’est Elizabeth Taylor qui, en 1962, propulse la collection au rang d’icône en arborant une montre Serpenti sur le tournage du film Cléopâtre. Au fil des décennies, la maison Bulgari n’a cessé de réinterpréter ce reptile hypnotique à la faveur de créations audacieuses.
Corps articulés sertis de diamants, écailles en émail coloré et formes géométriques inspirées de l’Art déco : chaque nouvelle pièce Serpenti rend hommage à l’art de la transformation, à la fois du bijou et de celle ou celui qui le porte.
Alhambra de Van Cleef & Arpels, la joaillerie qui porte bonheur
En 1968, Van Cleef & Arpels dévoile Alhambra, un motif inspiré des arcs de l'architecture mauresque et du trèfle à quatre feuilles qui vient ponctuer un sautoir s’imposant immédiatement comme un talisman convoité.
Confectionné avec une minutie d’orfèvre, le motif est au fil des années serti de pierres semi-précieuses comme la malachite, l'onyx ou la nacre, séduit les célébrités, à l’image de Grace Kelly, et devient un accessoire iconique à l’élégance décontractée. Aujourd’hui, l'Alhambra continue de plaire, entre tradition et raffinement contemporain.
Les Menottes de Dinh Van, le fermoir devenu icône
Au début des années 1970, Jean Dinh Van bouscule les codes traditionnels de la joaillerie française en lançant la collection Menottes. Alors qu’il est de coutume de dissimuler les fermoirs des bijoux précieux, cet avant-gardiste en fait le cœur de son design avec deux menottes entrelacées qui évoquent à la fois l’union et la liberté, la force d’un lien et la simplicité d’un geste.
Conçue pour être portée au quotidien comme un symbole subtil d’attachement, cette ligne s’affranchit du carcan de la haute joaillerie classique tout en se déclinant en argent, en or ou dans des versions pavées de diamants.
Happy Hearts de Chopard : le diamant dansant de la générosité
Des cœurs et des diamants qui dansent ? Telle est l’essence de la collection Happy Hearts de Chopard qui reprend ici l’idée née dans les années 1970 avec ses Happy Diamonds : des pierres mobiles, libres de briller au gré des mouvements.
Mais avec ses joyeux cœurs, la maison suisse ajoute une dimension émotionnelle, dévoilant des bijoux sur lesquels les cœurs, souvent en nacre ou en pierre rouge, s'entrelacent avec des diamants voyageurs. Une pièce de joaillerie singulière aux accents pop, pour celles et ceux qui veulent garder un cœur léger et un style qui bat toujours au bon rythme.