C'est une histoire dans l'Histoire dans laquelle on plonge grâce aux écrits de Lucy Adlington. En 2017, l'autrice britannique spécialiste du costume historique publie Le Ruban Rouge, un roman jeunesse qui met en situation des jeunes couturières adolescentes forcées de créer des vêtements pour les officiers d’un camp dont elles sont prisonnières.
Le livre est un succès et se vend à des milliers d’exemplaires, traduits dans de nombreuses langues. Mais ce que peu de gens savent alors, c’est que l’histoire sur laquelle l’historienne de la mode qui "adore raconter les histoires de vies de femmes" est une histoire vraie.
La mode est une industrie très puissante et les nazis étaient déterminés à voler tous les aspects de l'industrie de la mode aux Juifs. - Lucy Adlington
Elle a a pu le prouver en publiant aux éditions Payot, six ans plus tard, Les Couturières d’Auschwitz*, soit "le morceau d’histoire le plus horrible et le plus extraordinaire" qu'elle a jamais raconté.
Et pour cause : beaucoup l'ignorent mais, de 1942 à 1945, le sinistre camp de concentration d’Allemagne Nazi Auschwitz-Birkenau, situé en Pologne, a abrité un atelier de couture où des femmes juives et prisonnières de guerre étaient forcées de créer des vêtements Haute-Couture pour des épouses d’officiers nazis haut placés.
Une page de l’Histoire qui reflète également une face sombre du système de la mode, basé sur l’exploitation d'une catégorie de travailleuses et une capacité commune à fermer les yeux sur celle-ci.
Les Couturières d’Auschwitz, une histoire du système de la mode en temps de guerre
C’est en écrivant un livre sur les femmes dans les années 40 que l’autrice Britannique est tombée sur la mention d’un salon de mode à Auschwitz.
Toutes les recherches qu’elle mènera après cette première découverte s’avèrent infructueuses. Alors, elle publie une fiction pour figurer la réalité de ces adolescentes forcées à créer des vêtements pour leurs tortionnaires.
Grâce à son succès, Le Ruban Rouge devient une porte ouverte sur l’Histoire comme nous le confie Adlington : "C'est à ce moment-là que j'ai commencé à recevoir beaucoup de messages. On m’envoyait des vidéos, des photographies et des témoignages…et puis j'ai entendu dire qu'une des couturières de ce salon était encore en vie".
Cette femme c’est Berta Berkovich Kohút, seule survivante de l'atelier de Haute-Couture de Auschwitz-Birkenau, grâce à laquelle Lucy Adlington parviendra enfin à retracer la vie de ces femmes juives contraintes de fabriquer des vêtements sur-mesure à leur bourreaux, avec les tissus et accessoires de mode confisqués à celles et ceux qui seront victimes des chambres à gaz. Un travail majeur, précisément documenté et recontextualisé, qui nous en apprend beaucoup sur le rôle et l'enjeu de l'industrie textile à cette époque.
Marie Claire : Pourquoi revenir sur l’histoire des Couturières après la publication du Ruban Rouge ?
Lucy Adlington : Il était important de dire la vérité. Ce n'est pas qu'une histoire parmi d'autres. J'espère que les gens liront ce livre et qu'ils pourront en continuer les recherches.
J'ai ressenti tellement d'amour pour ces jeunes femmes, leur amitié et leur courage… Mais j'étais tellement en colère que cela soit arrivé à cause de la cupidité et du racisme.
J'ai appris à connaître ces femmes autant que possible en tant que biographe et elles méritent d'avoir une voix, un visage et un nom. Même si elles n’ont pas travaillé dans les grandes maisons de couture à Paris, elles méritent que leur histoire soit racontée.
Quelle était la place de la mode à l'époque de l'Allemagne nazie ?
Même s'il y a déjà des grands magasins et du prêt-à-porter, pour beaucoup de gens, la mode était alors une chose très individuelle et locale.
Vous faites confectionner votre costume par un tailleur local, vos chapeaux par un modiste local… Il y a donc beaucoup d'individualité et de talents créatifs.
Et la couture, pour les femmes en particulier, était une compétence fondamentale. Toutes les filles apprenaient à coudre et c'était une affaire de mode domestique plus qu'internationale.
Mais les nazis se sont définitivement concentrés sur l'argent généré par l'industrie de la mode. Les gens négligent souvent cet aspect de la mode. Ils pensent que ce ne sont que de beaux vêtements, mais la mode est une industrie très puissante et les nazis étaient déterminés à voler tous les aspects de l'industrie de la mode aux Juifs et à les garder pour eux.
En lisant votre livre, on peut s’étonner de l’importance des vêtements pour celles et ceux qui subissent la guerre...
Dans tous les territoires occupés par les nazis, il y avait de la mode, même pour les juifs.
Partout où les gens étaient sous occupation étrangère et opprimés, ils utilisaient les vêtements pour montrer leur indépendance et leur défiance.
Parfois lorsque de nouveaux trains arrivaient à Auschwitz, les femmes se rassemblaient pour observer ce qui était à la mode en dehors du camp, quel est l'ourlet, la couleur du moment.
Les prisonniers qui le pouvaient essayaient de trouver des moyens d'améliorer l'apparence de leurs vêtements afin qu'ils puissent garder une forme d’identité et de dignité.
De minuscules détails comme un bouton ou un ruban, représentaient pour eux le monde perdu qu'ils espéraient retrouver à nouveau. Parce que la mode peut être joie et vie.
Les vêtements étaient aussi importants pour les nazis.
Le vêtement c’est aussi le statut. Les nazis pensaient que s'ils pouvaient présenter une image puissante, élitiste et luxueuse d'eux-mêmes ils montreraient au monde qu'ils étaient un régime légitime.
Dans les camps de concentration, les gardes et les officiels pouvaient se dire : "nous avons des uniformes chics, donc nous sommes surhumains et vous avez des haillons donc vous n'êtes rien". C'était délibéré.
Dans votre ouvrage, vous explorez aussi la relation entre l’État et la mode, notamment à travers la création de l’ADEFA (Groupe de travail des fabricants germano-aryens de l'industrie du vêtement). Que pouvez-vous en dire ?
L’ADEFA a été créée par des nazis désespérés de contrôler le commerce lucratif de la mode et du textile.
Ils ont utilisé intimidations, violences et vols pour exclure les Juifs des métiers de la mode. En résumé, ils ont créé un label "mode aryenne" qui signifie simplement "non juive". Ils en ont fait leur promotion auprès des acheteurs allemands ordinaires en disant : "N'achetez pas aux juifs, les juifs polluent les vêtements. N'achetez pas de vêtements étrangers aux Français. Achetez des vêtements allemands fabriqués par des chrétiens".
C'était de la bigoterie extrême, mais c'était surtout de la cupidité, ils voulaient l'argent généré par cette industrie. Alors, ils ont fait ces vêtements et ont présenté des défilés de mode, et tout était "heil Hitler" mais les vêtements n'avaient rien de spécial.
Ils n'avaient ni le talent ni le flair des créateurs juifs.
Essentiellement, c'était un échec parce que les vêtements étaient moyens mais dans un sens politique et génocidaire, c'était un succès. Ils ont éliminé les Juifs du commerce de la mode.
La mode n'est pas innocente. - Lucy Adlington
Au fil des pages, vous donnez parfois le nom de marques qui ont profité des lois Nazies et de la discrimination juive. Pourquoi était-ce important pour vous ?
Nous devons comprendre d'où viennent nos vêtements. Et si ces entreprises ne sont pas les mêmes aujourd’hui qu’à l’époque, elles doivent reconnaître qu'elles ont profité massivement de l'antisémitisme et de l’esclavage des juifs.
Je ne dis pas d'attaquer ces entreprises, mais cela doit nous interpeller aujourd'hui encore. Nous nous devons de savoir d'où viennent nos vêtements, qui les a fabriqués et dans quelles conditions. La mode n'est pas innocente.
Vous parlez de l’esclavage dans les ghettos juifs, pouvez-vous revenir sur le système qui était alors mis en place ?
Les nazis avaient pour objectif de se débarrasser des juifs en Allemagne et dans les activités économiques, mais lorsqu’ils ont réussi à les exclure ils ont réalisé qu’ils n’avaient pas assez de travailleurs.
Alors, ils ont profité du fait que des Juifs avaient été transportés en Pologne occupée pour les exploiter comme main-d'œuvre.
Dans les ghettos de la Pologne occupée c’était "si tu veux manger, tu dois travailler". Ainsi, il y eu des milliers de petits ateliers de couture, de tricot et de cordonnerie dont les articles étaient renvoyés en Allemagne.
Mais il n'y avait pas d'étiquette indiquant "fabriqué par le travail des esclaves dans les ghettos" ou "fabriqué par le peuple juif". Les nazis étaient doués pour exploiter le talent juif et la main-d'œuvre juive, mais ils ne voulaient pas l'admettre.
C’était un système énorme qui a fait gagner d'énormes profits aux nazis qui dirigeaient ces ghettos et aux entreprises de mode complices. Quand ont été créés les camps d’extermination c’est devenu : "si vous voulez vivre, vous devez travailler".
Dans ce livre, vous parlez beaucoup des femmes nazies...
De plus en plus de chercheuses étudient le rôle des femmes dans le Troisième Reich. Les historiens masculins ont pour la plupart négligé cet aspect alors que, si elles étaient exclus des mondes politique et militaires, les femmes faisaient partie de cette société.
Il faut comprendre que l’'Holocauste n'aurait pas pu avoir lieu sans les choix faits par les gens ordinaires. Avez-vous aidé vos voisins juifs pendant la nuit de Cristal ? Continuez-vous à acheter dans les magasins juifs quand les nazis n'y vont pas ? Les femmes avaient des choix, même s'ils étaient bien sûr limités.
Et il est important de voir les nazis, les SS, comme des personnes. On a tendance à les montrer comme des monstres mais nous devons nous rappeler qu'ils ne sont que des êtres humains. Ça pourrait être nous.
Elles ont fait leurs choix, elles n'étaient pas passives, elles ont activement choisi de faire ce simple acte de shopping ou d'utiliser une couturière juive asservie pour leur profit.
Qu'avez-vous appris concrètement sur la création de l’atelier de Couture d’Auschwitz ?
Il a été créé par Hedwig Hoss, la femme du commandant du camp (qui habitait dans une maison cossue à quelques mètres seulement de là, ndlr). Elle voulait de la main-d'œuvre gratuite, donc lorsque les premières femmes juives sont arrivées de Slovaquie, elle a vu une opportunité.
Dans le deuxième train à destination d'Auschwitz était une femme Slovaque appelée Marta Fuchs qui a d'abord travaillé comme nounou pour les Hoss, mais Hedwig a découvert qu’elle était une merveilleuse couturière.
Dans le grenier de sa maison, elle a commencé à faire coudre Marta et à partir de là, Marta a réalisé que c'était une opportunité d'aider ses amies. Elle a essayé de faire travailler autant de personnes que possibles pour la femme du commandant.
Tout a commencé avec la cupidité d'Hedwig Hoss et la compassion de Marta Fuchs. Quel contraste !
Marta Fuchs a donc eu a un rôle essentiel dans cet atelier ?
Marta Fuchs est une héroïne. Elle n’avait que 25 ans à l’époque et voulait aller à Paris, l'expérience ultime de la couture mais a été déportée à Auschwitz.
Au lieu de ne se soucier que d'elle-même, elle a utilisé tout son courage et sa compassion pour aider ceux qui l'entouraient et elle a rejoint la clandestinité d'Auschwitz. Elle était communiste et elle a utilisé toutes ses ressources pour aider les gens, même après la guerre.
Je pense que c'est vraiment dommage qu'elle n'ait jamais donné son témoignage en entier mais elle n'aimait pas tellement en parler avec sa famille ou avec des historiens.
Finalement elle est tombée trop malade et elle est morte avant que je puisse lui parler.
Ces femmes commandaient des vêtements à Auschwitz. - Lucy Adlington
Combien de couturières ont passé les portes de l’atelier ?
Martha et ses assistantes étaient si douées que les autres femmes SS sont devenues jalouses des créations pour Hedwig Hoss.
C'est alors que celle-ci a du ouvrir le salon de mode de l'atelier en 1942 afin que toutes les épouses SS puissent y avoir accès.
Il a fallu "recruter". Je collectionne les noms de ces femmes et j'en découvre de plus en plus. Ainsi l'atelier a commencé avec deux femmes, mais il est rapidement passé à un noyau de 25 femmes et filles. Cela ne semble pas beaucoup, mais dans le contexte d'Auschwitz-Birkenau où le taux de mortalité est si élevé, c'est incroyable.
De 1942 à 1945, il semble que Marta ait sauvé 40 femmes et enfants en les faisant coudre. Elles étaient principalement Slovaques mais il y avait trois Françaises et une Polonaise.
Y’ avait-il d’autres lieux similaires en Allemagne nazie à l’époque ?
Il y avait beaucoup d'usines de couture, beaucoup d'ateliers de couture… mais un atelier de mode dédié à la Haute-Couture ? Je n'ai encore rien trouvé de tel à ce jour.
Cela ne veut pas dire que cela ne s'est pas produit, mais une chose unique du salon d'Auschwitz est que des femmes de SS à Berlin leur passait commande.
Ces femmes commandaient des vêtements à Auschwitz !
Un lieu important du camp était appelé le "Canada". Pouvez-vous parler de cet espace en particulier et du rôle qu'il a joué pour les nazis mais aussi pour le peuple juif qui y est alors interné ?
Le "Canada" était le lieu (des baraquements, ndlr) où étaient conservés les effets personnels des prisonniers assassinés, et il y avait tellement de gens amenés à Auschwitz pour être assassinés qu'il n'y avait pas assez de place pour tout ce pillage.
C'était aussi l'un des endroits les plus tristes du monde parce que les prisonniers ouvraient des valises et triaient des vêtements, tout ce qu'ils touchaient était saturé de tragédie. Je ne peux pas imaginer trier les vêtements de bébé, la lingerie, la robe de bal, les manteaux de fourrure de Paris…
Dans un autre sens, pour les prisonniers qui y travaillaient, c'était une chance de survie. J'ai lu tant de récits de prisonniers qui disaient qu'ils pouvaient trouver des vêtements qui les gardaient au chaud et qu'ils pouvaient faire passer des choses en contrebande pour leurs amis restés ailleurs dans le camp.
Il y avait un risque d'être battu ou même de mourir si vous étiez pris sur le fait, parce que seuls les nazis étaient autorisés à voler. Il y a de belles histoires de vies sauvées parce que certain.es se sont dévoué.es pour voler quelque chose au "Canada". D’ailleurs, le nouveau livre que j'écris est sur l'un de ces vêtements.
Les couturières étaient vraiment jeunes et pourtant elles ont su faire preuve de sororité et solidarité malgré ce qu’elles vivaient...
Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de l'amitié féminine. Il y a encore l’idée selon lesquelles les femmes ne s'entraident pas mais, systématiquement dans mes études sur l'Holocauste, bien qu'il y ait bien sûr des individus terribles, beaucoup de femmes ont survécu grâce à la chance et à l’amitié.
Personne ne peut rien pour la chance, mais l'amitié ? Lorsque nous parlons de ce qui fait un héros, de ce qui rend quelqu'un courageux, nous négligeons cet élément très féminin de l'amitié et du réseautage.
Je ne dis pas que les hommes n'ont pas cela, mais c'est un élément important de survie en temps de guerre pour les femmes et les filles.
Qu’est-ce que parler à Berta Berkovich Kohút , la dernière couturière qui a survécu avant sa mort en 2021, à apporté à votre compréhension de cette histoire ?
Au niveau de la recherche, parler à un témoin oculaire n'a pas de prix car les documents peuvent vous dire des choses, les photographies peuvent vous dire des choses, les objets peuvent vous dire des choses, mais une personne peut répondre à vos questions.
Quand je suis allé rendre visite à Berta elle pouvait répondre à des choses auxquelles aucun document ne peut répondre.
Sur le plan humain, étudier l'holocauste, lire à ce sujet… Nous revenons toujours aux gens. Nous devons nous rappeler que ce sont des histoires humaines et pas seulement des écrits, des livres, des séries.
Le fait que nous ne sachions pas ce qu'il est advenu de ces vêtements -ceux confectionnés à l'atelier mais aussi ceux entassés au "Canada"- soulève aussi beaucoup de questions…
Oui, il s’agit peut-être de vêtements qui existent encore. Mais comment le saurions-nous ? Lorsque vous faites du shopping dans un vintage et que vous achetez une robe des années 1940, comment savez-vous qu'elle n'a pas été fabriquée dans cet atelier ?
Parce que les nazis n'ont mis aucunes étiquettes "fabriqués par des travaux juifs avant leur mort".
Donc, ces vêtements pourraient exister et la seule façon de les retrouver avec certitude est si les proches des familles nazies les ont gardé.
Célébrez les vêtements mais rappelez-vous il y a toujours quelqu'un qui travaille derrière cette machine à coudre. - Lucy Adlington
Il y a un passage hallucinant de votre ouvrage lors duquel une femme SS est surprise du talent des couturières juives.
C'est à cause de la propagande acharnée contre les juifs que les gens ont absorbé sans remettre en question. C'est la même chose maintenant avec les rhétoriques contre les étrangers, les musulmans, les gays... La propagande incessante qui essaie de nous faire haïr les gens.
Donc, cette femme ne voit pas les Juifs comme des humains. On le fait tout le temps, on crée différents groupes "d'autres".
Mon livre est une histoire de mode mais aussi de l’humanité.
Et aussi du lien entre mode et dignité...
De manière écrasante, lorsque je lis des témoignages de prisonniers libérés, tous parlent de se rhabiller et de redevenir humains.
Se débarrasser des uniformes des camps de concentration et avoir à nouveau ses propres vêtements c'était recouvrer son identité et sa dignité.
Au cours des nombreuses années où j'ai effectué des recherches sur l'Holocauste, j'ai toujours remarqué les détails vestimentaires et la façon dont les vêtements pouvaient vous aider à avoir l'air plus intelligent, humain… et faire en sorte que les nazis ne vous battront pas autant.
Même maintenant, les vêtements ont tellement de significations.
Votre livre fait écho à d’autres moments de l’histoire de la mode comme l’esclavage et la situation des Ouïghours de Chine. Qu’est-ce que vos recherches vous ont appris sur le système de l’industrie de la mode à grande échelle ?
Ces deux exemples sont puissants.
J'ai été contactée par un homme afro-américain et il m’a dit que mon récit de l'atelier de couture lui avait rappelé l'esclavage des africains dont les compétences ont été exploitées.
Trop souvent avec la mode on voit le résultat, on voit les beaux vêtements, les podiums, les magazines de mode… mais on oublie que derrière tout ce glamour il y a parfois une très sombre histoire d'exploitation.
Célébrez les vêtements, mais rappelez-vous qu'il y a toujours quelqu'un qui travaille derrière cette machine à coudre.
Beaucoup des témoins de l’époque sont en train de disparaître, pourquoi est-il important de raconter leurs histoires ?
Nous devons les honorer en tant qu'individus, en écoutant, en enregistrant et en partageant leurs histoires. Et puis nous devons utiliser l'histoire comme un avertissement.
C'est ce qui est arrivé, arrive et arrivera encore si nous ne luttons pas contre.
Mon travail d'historienne est de faire en sorte que ces témoins ne soient pas oubliés car nous n'avons plus autant de témoins oculaires de cette période.
Les nazis voulaient les effacer : pas d'étiquettes, pas de preuves. C'est donc notre travail de nous assurer que cela n'arrive pas.
Pour ne pas les oublier, Marie Claire publie les noms des femmes juives que l'historienne Lucy Adlington a pu formellement identifier comme ayant été forcée de travailler dans l'atelier de couture d'Auschwitz :
Marta Fuchs
Berta Weiss
Rózsika Weiss
Borishka Zobel
Lulu Grünberg
Baba Teichner
Mimi Höfflich
Manci Birnbaum
Šari Grünfeld
Irene Reichenberg
Berta Berkovic
Katka Berkovic
Herta Fuchs
Renée Ungar
Olga Kovács
Hunya Volkmann
Alida Delasalle
Marilou Colombain
Lenci Warman
Héléne Kaufman
Rezina Apfelbaum
Esther
Cili
Kato
*Les Couturières d'Auschwitz de Lucy Adlington, aux éditions Payot.