Les riffs de guitare font vibrer les murs de l’espace, installé en bordure de la gare Montparnasse. La pénombre est troublée par les spots qui s’allument et s’éteignent au rythme des accords plaqués par le musicien. Ils éclairent les lys blancs disposés entre deux poteaux. Leur signification ? Selon le site Deuil fleuri, ils symbolisent la sérénité, expriment "la sincérité des sentiments" et représentent "l’amour pur".
Aux invité-e-s de Stefano Gallici, le directeur artistique de la griffe Ann Demeulemeester nommé en juin 2023, ce décor évoque ces séries TV sur les teens américain-e-s dans lesquelles les héros-ïnes finissent dans un cimetière pour vivre leur première expérience sexuelle, boire des bières à l’abri des regards ou s’adonner à des rituels occultes.
Sweet sixteen
Les mannequins qui déferlent à grandes enjambées depuis les coulisses confirment cette prémonition. De longues robes en dentelle, de lourdes lavallières, des pardessus satinés… Le vestiaire tourmenté des adolescent-e-s, mi-gothiques, mi-romantiques, qui portent, filles et garçons, leurs longs cheveux en bataille.
Alors évidemment, le noir et le blanc prédominent, le jean, forcément déchiré, s’invite sur quelques looks, tandis que le gris et le lilas colorent pâlement cette collection plutôt dark.
Les silhouettes masculines sont particulièrement réussies. Ce n’est pas un hasard : avant de diriger toutes les collections d’Ann Demeulemeester, Stefano Gallici avait été embauché pour dessiner la ligne masculine de la maison belge, qui fêtera quatre décennies d'existence en 2025. Sweet sweet forty.