Quel show ! Qui commence derrière les Invalides, où est posé un grand cube anthracite devant lequel une horde de fans hurle le nom des célébrités invitées. Emma Roberts ! Katy Perry ! Yseult ! Alexis Stone grimé en Jack Nicholson, peignoir Balenciaga et verre de whisky à la main ! À l’intérieur, Salma Hayek pose à côté de son époux, François-Henri Pinault, par ailleurs président-directeur général du groupe Kering, qui possède la maison née en 1919. Le couple se tient à côté d’une grande table en bois verni, qui trône dans l’immense salle plongée dans le noir.
C’est là que s’assiéront les stars qui ont fait le déplacement. Lindsay Lohan et son long manteau verni sont installés entre Sophie Marceau, veste oversize XXL, et Cédric Charbit, le directeur général de Balenciaga. Plus loin, Laetitia Casta et Nicole Kidman attendent le début du dîner, pardon du défilé.
"C'est un hommage à une mode qui a un point de vue"
"Mes premiers souvenirs de mode remontent à l’époque où je dessinais des looks sur du carton, je les découpais et j’organisais des défilés sur la table de la cuisine de ma grand-mère. Trente-cinq ans plus tard, ce show me reconnecte aux prémices de ma vision. C’est un hommage à une mode qui a un point de vue", explique Demna, le directeur artistique de la marque, dans une note adressée aux journalistes un peu avant le début de l’événement.
La musique, forte, forte — une bande son produite par BFRND qui mixe les titres "Why Don’t You Do Right?" de Amy Irving et le remix original qu'il a composé de "Gimme More" de Britney Spears—, les lumières vives et une silhouette blanche, soutien-gorge balconnet à doubles bretelles, porte-jarretelles et bas immaculés s’élance. Une mannequin faussement déshabillée, puisqu’il s’agit en réalité d’une combinaison couleur chair, sur laquelle ont été greffés les dessous.
Une tenue à porter dans la vie de tous les jours avec des lunettes de soleil et un sac de dame à la main, ou bien à associer à un legging pailleté, un pull bleu marine ou un manteau de fausse fourrure, à vous de faire votre choix.
Viennent ensuite les longues robes en soie, sages côté face, outrageusement sexy côté pile. Les omoplates, la cambrure des reins, les fesses, les jambes… Le dos de la robe n’est pas cousu, simplement retenu par des rubans qui traînent au sol, assez lâches pour dévoiler l’anatomie des mannequins.
Et toujours, Balenciaga
Et puis Balenciaga renoue avec ses codes habituels. Les bombers aux volumes exagérés sont structurés grâce à du néoprène, tandis que les jeans loose tombent, cette saison, très bas sur les hanches des garçons. Sur les habits, des messages placardés, de "Fashion Designer" à "Human Being", et des vêtements noués partout, autour de la taille, des épaules et même des sacs à main. Ces allures tourmentées, la marque les surnomme "silhouettes garde-robe assemblées en looks désordonnés de fashion victim".
Pour sortir, Demna se débarrasse du superflu avec ses robes bustiers en velours ou ses leggings pantalons associés à des corsets dépourvus de dos, qui tiennent par la force de l’esprit et "se portent comme un bracelet"… Toujours, les vestes cintrées, les épaulettes exagérées et les clins d’œil à Cristobal Balenciaga, le fondateur de la marque. L’anonymat, lui, se préserve grâce à ces lunettes de soleil qui changent la face, grâce à ces casquettes plaquées contre le visage, dont les visières sont percées de trous pour assurer la visibilité. Ainsi, Romeo Beckham passe inaperçu sur le runway, au milieu des mannequins.
Dernier coup d'éclat de Demna pour marquer cette collection de sa patte ? La création de chaussures qui modifient l’allure. Pas que l’allure, d’ailleurs : elles chamboulent la démarche. Les escarpins pointus exagérément longs, comme les baskets trois fois trop grandes, altèrent la manière qu’ont les mannequins de se mouvoir et uniformise leur façon d'avancer. Une métaphore de la mondialisation ?