Après son défilé "Les Venimeuses" et celui de la saison suivante nommée "Les Épineuses", Germanier lève le voile sur sa collection printemps-été 2025 intitulée "Les Désastreuses". Derrière ce titre intriguant, 24 splendides silhouettes qui illustrent l'infinie créativité de l'upcycling. Une méthode dont le styliste suisse est passé maître.

Combinaison ruisselante de sequins, pardessus multicolore confectionné à partir de restes de cassettes VHS, un nombre incalculable de perles upcyclées tissées sur une naked dress... C'est lui qui parle le mieux de ses designs inimitables, alors Marie Claire a rencontré Kevin Germanier à l'issue de son défilé.

Le monde fascinant de Kevin Germanier

Marie Claire : D'où provient l'inspiration du défilé Germanier cette saison ?
Kevin Germanier : La collection s'appelle Les Désastreuses. Elle est inspirée des signes du Zodiaque et des planètes, soit un thème que je considère ridicule et cliché, mais que je me suis approprié. En bout de course, c'est devenu l'une de mes collections préférées.

Vous n'êtes pas friand d'astrologie, mais il faut savoir que cette thématique déchaîne les passions...
Je ne suis pas fan d'astrologie, car c'est un monde que je ne connais pas. J'avoue avoir eu très peur que les critiques affluent si je touchais maladroitement à certains signes astrologiques. Je précise donc qu'il s'agit d'une interprétation personnelle qui n'a pas vocation à être absolument juste, alors ne m'attaquez pas sur les réseaux sociaux si j'ai fait des erreurs de jugement (rires).

En toute franchise, je pourrais créer une seconde collection sur le thème de l'astrologie tant il est riche.

La collection printemps-été 2025 est truffée de silhouettes fascinantes, dont une robe qui ne découle pas d'un signe astrologique, mais qui est conçue avec des tongs. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
C'est une collaboration que nous avons réalisée avec Havaianas. La marque nous a demandé d'upcycler d'anciens stocks de leurs produits et nous en avons fait quelque chose d'absolument démentiel qui a donné vie au look appelé "Étoile" (le look n°20, ndlr).

Outre celle-ci, quelle silhouette est susceptible d'être le key look du défilé ?
C'est difficile de déterminer une tenue qui serait plus forte que les autres, mais je dirai le look Scorpion. Il est fait avec les restes de la tenue portée par Alain Roche à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024. J'ai participé à la création des costumes de la cérémonie de fermeture et d'ouverture et c'était deux moments forts.

Je peux également citer les neufs looks que le designer brésilien Gustavo Silvestre cosigne. Mais aussi le dernier du défilé, le look "Soleil", qui est réalisé à partir d'un corps de mannequin de couture que nous avons découvert dans les poubelles de Paris. Germanier est la poubelle de la Fashion Week, mais nous faisons des choses magnifiques à partir de ce que l'on recycle.

Revenons justement à la présence de Germanier aux cérémonies de Paris 2024. Qu'est-ce que cet accomplissement vous a apporté ?
Daphné Bürki, Thomas Jolly et Olivier Bériot (respectivement directrice stylisme et costumes de Paris 2024, directeur artistique de Paris 2024 et chef costumier des cérémonies de Paris 2024, ndlr) étaient présent-e-s aujourd'hui. C'est très touchant, car cela montre que les Jeux de Paris ont marqué nos vies. C'est une expérience que j'ai vécue avec les personnes les plus sympathiques au monde et j'estime qu'il est important de le souligner.

Diriez-vous que les Jeux de Paris 2024 ont marqué un tournant dans l'histoire de Germanier ? 
Complètement. Je ressens l'envie d'aller encore mille fois plus loin. Germanier a un ADN et j'ai réalisé qu'il fallait que j'arrête de faire des compromis.

Il existe plein de matières que j'estime "cheap". Avant, j'avais coutume de penser : "Ces matières vont partir à la poubelle, donc que pouvons-nous en faire ?" Maintenant, je me dis : "Approprie les toi en faisant quelque chose d'incroyable". Et je crois que c'est ce que l'on a réussi à réaliser aujourd'hui.