Il est 11h. Les membres privilégiés du petit monde de la mode passent outre la météo capricieuse de Paris pour gagner le Palais de la Femme. Dans la salle principale pavée de mosaïques, les frimas de l'automne sont remplacés par la chaleur humaine. Pour cause, bien avant que ne retentisse la bande son du défilé, la musique des retrouvailles entre gens de la presse internationale envahit la pièce.
Joyeux anniversaire Maitrepierre
La collection s'appelle "Let's Play". Un nom qui prend tout son sens lorsque le premier mannequin Maitrepierre apparaît, habillée d'un top en forme de poste de télévision. Bienvenue dans le monde des geeks.
Les références à l'informatique sont littérales, à l'image du sac Manette qui adopte la forme d'une manette de console de jeu. Sur d'autres silhouettes, les clins d'œil nerd sont plus subtils, comme ce pull rouge à motif toile d'araignée (web en anglais) pour évoquer la toile.
Ce défilé marque les cinq ans de Maitrepierre. Un anniversaire célébré dans la joie. Celle-ci se traduit par des vêtements aux coloris vitaminés, du jaune poussin au rouge vif en passant par le rose, et grâce à une adorable seconde collaboration avec le chausseur Carel.
Quelques minutes après la fin du défilé, Marie Claire a rencontré le créateur de mode au bonheur communicatif.
Marie Claire : Racontez-nous l'inspiration et l'histoire derrière ce défilé intitulé Let's Play.
Alphonse Maitrepierre : Pour ce cinquième anniversaire, l'idée était de revenir aux sources. Ce que j'adore faire avec Maitrepierre, c'est d'envisager la marque comme un laboratoire.
J'exploite l'univers "nerd" depuis la toute première saison et j'avais envie de parler du personnage de gamer dans lequel je me reconnais un peu.
Pouvez-vous nous parler de la première silhouettede la collection, cette mannequin vêtue d'un poste de télévision ?
La télé est née d'une collaboration avec la sculptrice new-yorkaise Gracelee Lawrence, qui travaille exclusivement avec du maïs OGM recyclé.
Je voulais que le show commence par cette espèce de personnage télé et qu'après, on tombe dans l'univers.
Et les accessoires ?
Les bijoux sont le fruit d'un partenariat avec Raphael Everdeen, un jeune artiste que j'adore. Il est complètement barré. Et il m'a suivi sur cette collection, pour laquelle nous avons décidé de reprendre un peu les codes de la haute joaillerie.
Donc les imposantes manchettes sont devenues des manettes en argent tandis que les énormes rivières de diamants et les grosses parures se transforment en petits boutons en métal ou en or coloré.
À chaque fois, nous sommes partis d'un élément assez traditionnel, assez couture pour l'emmener vers quelque chose de beaucoup plus playful, de beaucoup plus digital, de beaucoup plus marrant et de beaucoup plus décalé.
J'ai un peu en horreur l'idée de faire du vêtement pour faire du vêtement.
Qu'avez-vous appris en cinq ans de création ?
C'est une bonne question. J'apprends vraiment tous les jours et maintenant que l'équipe s'agrandit, je prends soin de faire grandir les défilés doucement et organiquement. J'apprends également à structurer la marque en m'appliquant à conserver intacts les objectifs écologiques et la direction artistique.
J'ai un peu en horreur l'idée de faire du vêtement pour faire du vêtement et je préfère me dire que chaque saison, je tente de créer un nouveau personnage.
Où est-ce que vous vous voyez dans cinq ans ?
Je n'en ai aucune idée. J'aimerais que Maitrepierre soit encore là, Et j'aimerais que la marque continue de vous faire rêver. Ou qu'elle vous fasse rêver si ce n'est pas encore le cas jusqu'à présent.
J'aimerais que ce petit laboratoire prenne en vitesse et que je puisse continuer saison après saison à créer de nouvelles histoires. Pour parvenir à sortir les gens de ce quotidien qui parfois peut être un peu morose.