Dans la capitale de la mode française, les designers s'efforcent de donner, chacun à leur tour, leur définition personnelle du chic. Christa Bösch et Cosima Gadient, les cofondatrices d'Ottolinger, sont quant à elles une bouffée d'air frais dans le calendrier de la Fashion Week grâce à leur approche expérimentale du prêt-à-porter.
Une énergie chaotique émane de chacune des collections qu'elles développent, et ce n'est pas pour déplaire. Le 29 septembre, la griffe basée en Allemagne présentait son défilé printemps-été 2025 dans un parking niché dans le XVe arrondissement. L'ambiance décousue d'Ottolinger était de nouveau au rendez-vous.
Fête et fast life
"Réveillée par la lumière granuleuse de l'aube et la vitre teintée d'un taxi de quatre heures du matin, je nage dans un aquarium de gratte-ciel. Mon corps est en transit, intimement habillé de la fête d'hier et des nouveaux départs de demain; jamais trop tôt ni trop tard.", énonce poétiquement le show note signé Ottolinger. Ce récit, les habitué-e-s des soirées en club le connaissent bien.
En fait, cette collection raconte la transition entre une nuit endiablée et une journée impactée par les festivités prolongées de la veille. Ces fêtes en boîte de nuit qui sont censées être quittées à une heure raisonnable afin de se préparer à la journée de travail du lendemain, mais qui, parfois, finissent en nuit blanche et se poursuivent par une journée de travail sans fin.
Pas le temps, donc, d'enfiler une tenue de bureau traditionnelle.
Alors sur le podium, la femme Ottolinger affiche une allure étudiée, mais débraillée. L'une des manches de son blazer est à peine enfilée et son tailleur pantalon bleu marine est associé à une paire de bottines rangers qu'elle portait sans doute avec un mini short en cuir quelques heures plus tôt sur le dancefloor.
Les autres party girls d'Ottolinger arpentent le catwalk vêtues de chemises déboutonnées et de tops à manches trop longues, comme s'ils avaient été empruntés au saut du lit.
La précipitation se ressent dans chacun des détails de cette garde-robe estivale. Une ceinture de sécurité tombe très bas sur la taille tandis que le haut de maillot de bain est porté comme un top classique. De petites vestes à velcro associées à des minijupes dégagent un esprit "motocore" qui indique ici que les fêtardes Ottolinger vivent une vie à 100 à l'heure.
Quant à la chevelure des mannequins ? Les perruques coiffées, décoiffées et les brushings gonflés traduisent la nuit agitée qu'elles viennent de passer.
Dernier gimmick de la marque fondée par deux créatrices suisses, les bouts de tissus en lambeaux qui reviennent sur la quasi-totalité des tenues la collection. Une façon de distiller davantage ce goût prononcé pour la déconstruction qui fait la force d'Ottolinger.