Une pause. Quasi impossible de s’arrêter, pendant la Fashion Week. Il faut courir d’un show à une présentation de collection, écrire ses articles, éditer ses vidéos, calculer le temps de trajet optimal pour se rendre à temps à la prochaine destination… Sur le podium aussi, les looks se succèdent à toute allure. Des silhouettes à ingurgiter rapidement, puis à digirer tout aussi vite pour les restituer au grand public.
Ce rythme effréné, Yohji Yamamoto l’a mis sur arrêt, pendant un peu plus 20 minutes, le vendredi 27 septembre. Une salle plongée dans l'obscurité et un silence de plomb ont accueilli la première mannequin, vêtue d'un voile noir transparent, réveillé par quelques flashs rouges. Sa démarche, exagérément lente, ne s’accélère pas, lorsque commencent à résonner les premières notes jouées par le pianiste Pawel Kolesnikow.
Demi-soupir dans la partition
La deuxième top ne sortira des coulisses que lorsque la précédente aura terminé sa balade et il en sera ainsi pour chaque model, obligeant les spectateur-rice-s à attendre, puis regarder chaque vêtement avec l’attention qu’il mérite. Et il en faut, pour comprendre l'architecture des pièces présentées par Yohji Yamamoto.
Des nœuds, des découpes, de l’asymétrie, des lambeaux rendus rigides grâce à des baguettes, certainement métalliques, dissimulés sous le tissu… En résultent des robes complexes, mais légères, qui volettent à chaque pas et rappellent, pour certaines, les cerfs-volants des enfants.
Le point d’orgue de la collection ? Cinq silhouettes écarlates, longues robes qui font halte sur le catwalk avant de se remettre en ordre de marche. Sous les applaudissements du public, Yohji Yamamoto s’avance à son tour, enlève son éternel chapeau, salue, puis invite Pawel Kolesnikow à le rejoindre. Les deux hommes se serrent la main, le musicien à gauche, le chef d’orchestre à droite. Ils disparaissent. Les lumières se rallument. La course peut reprendre.