Mercredi 6 novembre 2024 marquait la sortie du film “The Substance” réalisé par la réalisatrice française Coralie Fargeat avec en tête d’affiche Margaret Qualley et Demi Moore. Un film au genre gore et féministe qui a valu très exactement treize minutes d’applaudissements à la fin de sa diffusion au Festival de Cannes 2024.
Si le film intéresse pour le sujet qu’il traite, à savoir : l'âgisme (une forme de discrimination des personnes selon leur âge) qui touche les actrices une fois passée le cap de la quarantaine ainsi que la quête de la jeunesse éternelle dans une société - majoritairement régie par les hommes - qui exerce une certaine pression sur l’apparence des femmes. Il intrigue aussi car on y voit Demi Moore, sex symbol ultime des années 90, comme on ne l’a jamais vue : entièrement nue, vulnérable, enlaidie.
Demi Moore, totalement mise à nue
The Substance raconte l’histoire d'Elizabeth Sparkle, interprétée par Demi Moore, une star hollywoodienne dans la quarantaine, en déclin qui se voit rejetée à cause de son âge. Elle décide donc de se procurer la fameuse substance au marché noir qui promet de créer une version plus jeune, plus parfaite et meilleure d'elle-même, jouée par Margaret Qualley.
Dans le film, certaines scènes dévoilent Demi Moore entièrement nue, face au miroir ou en combat avec son alter ego plus jeune. Des scènes fortes qui interpellent puisque l’actrice s’est rarement montrée dans une telle vulnérabilité dans sa carrière.
Interrogée par le New York Times, l’actrice s’est exprimée sur l’impact de ces scènes, et de ce film en général, sur sa vision d’elle-même. "En entrant dans ce rôle, je savais que ce n'était pas une question de paraître bien physiquement, et en fait, il y avait une certaine libération dans ce rôle qui ne nécessitait pas d'être parfaite, a-t-elle déclaré. Ce n'est pas qu'il n'y a pas de scènes où je me dis : "Beurk, mon cul est affreux" [rires], mais ça ne me dérange pas non plus. Ce qui est intéressant, c'est qu'Elisabeth soit rejetée, et ce n'est pas que je sois si moche que ça."
"Si nous commençons à penser que notre valeur réside uniquement dans notre apparence, nous finirons par être écrasés"
Ce film, non pas "anti-hommes" mais "anti-imbéciles" comme l’a précisé la réalisatrice Coralie Fargeat lors de la conférence de presse à Cannes, relaté par The Hollywood Reporter, met également en avant les problématiques liées à la course à la beauté à tout prix.
Un sujet qui retentit chez Demi Moore, elle-même confrontée à une pression constante sur son apparence physique, qui l’a poussée à suivre des régimes en tout genre pour rester dans les standards de beauté. "Ce qui m’a vraiment frappée, c’est la violence brutale envers soi-même. Ce n’est pas ce qui vous est fait, c’est ce que nous nous faisons à nous-mêmes. L’horreur traditionnelle, dit-elle, ne fait que terrifier, alors qu’il y a une profondeur dans l’exploration de notre psyché, de notre dialogue intérieur, que l’horreur corporelle semble amplifier", a-t-elle confié à The Guardian.
Et à la star d’ajouter : "Le jugement de soi, la recherche de la perfection, la tentative de se débarrasser de ses 'défauts', le sentiment de rejet et le désespoir, rien de tout cela n’est exclusif aux femmes", a-t-elle expliqué en faisant référence à une scène où Elizabeth est invitée à un rendez-vous mais ne cesse de se trouver des défauts dans le miroir.
"Nous avons tous eu des moments où vous revenez en arrière et vous essayez de réparer quelque chose, mais vous ne faites qu’empirer les choses au point de vous sentir incapable. Nous voyons ces petites choses que personne d’autre ne regarde, mais nous sommes tellement concentrés sur tout que nous ne le faisons pas. Nous tous, si nous commençons à penser que notre valeur réside uniquement dans notre apparence, nous finirons par être écrasés."