Si les designers de mode gagnent une reconnaissance mainstream dans les yeux du public comme de l'industrie, ces dernières années celleux qui créent les bijoux au sein des maisons de luxe ont su se tailler leur part du lion.
Souvent repérés après avoir vus leurs marque personnelles devenir des succès, ces créateurs ont pour tâche de faire refléter dans les bijoux qu'ils imaginent les codes d'une maison de mode autant que les inspirations du directeur artistique qui créé ces collections.
Focus sur 5 designers de bijoux à connaître.
Yoon Ahn, designer bijoux chez Dior homme
Durant les années 2000, Kanye West et Pharrell Williams commencent à porter les créations de Yoon Ahn, jeune diplômée en design graphique, et de son mari Verbal, cela suffit à ce que leur entreprise décolle.
Avec pour ligne directrice le détournement d'objets du quotidien en véritables bijoux et accessoires statement, à l’instar de leur collier porte-briquet griffé, la marque Ambush s’étend au prêt-à-porter et reçoit une nomination LVMH en 2017.
En 2018, la jeune Coréenne ayant grandi à Seattle est nommée à la direction artistique des bijoux chez Dior Homme, par l’alors tout nouveau directeur artistique Kim Jones. Il est l’un de ses plus vieux amis, tout comme Virgil Abloh.
Pour leur premier show, la collection masculine printemps-été 2019 présentée à Paris dans un décor signé Kaws, les bijoux de Yoon Ahn ponctuent avec brio les silhouettes imaginées par le designer britannique. Des colliers, des bagues et des accessoires griffés du logo CD, un esprit monogramme qu’il manquait à la marque. Le succès est immédiat.
Les bijoux signatures de Yoon Ahn
Chez Dior homme, c’est Kim Jones qui donne le ton pour la collection et c’est à Yoon Ahn d’arriver avec des idées qui collent à la direction qu’il a choisit.
Quand pour la collection automne-hiver 2022 elle imagine des cordons de perles d’eau douce et de muguet en laiton ou encore une broche étoilée et un chocker en cristal, pour la collection printemps-été 2023, ce sont des colliers de coquillages qui viennent sublimer l’allure Dior homme.
Des accessoires singuliers et extravagants qui font mouche.
Delfina Delettrez, designer bijoux chez Fendi
Chez Fendi c’est bien connu, tout est une histoire de famille et de matriarchie. Arrière petite fille d’Adele et Edoardo Fendi, créateurs de la marque en 1925, mais aussi fille de Silvia Venturini Fendi actuelle co-directrice artistique, les heures étaient comptées avant que Delfina Delettrez-Fendi ajoute sa pierre à l’édifice dont elle est héritière.
Née en 1987, elle passe son enfance entre Rome et Rio, puis se passionne adolescente pour la joaillerie après avoir découvert la boîte à bijoux de sa grand-mère paternelle.
En 2007, à tout juste 19 ans, cette enfant de la balle lance sa première collection avec sa marque éponyme. La même année elle ouvre sa première boutique à Rome.
Après plusieurs collaborations avec Fendi, dont deux collections de bijoux fantaisie avec Karl Lagerfeld et une montre de haute joaillerie, elle rejoint durablement le sérail familial en 2020, en qualité de responsable des bijoux de la maison, tout en gardant un oeil sur son label personnel.
Elle y développe un style original avec des matériaux pérennes sous l’oeil bienveillant de Kim Jones co-directeur artistique au côté de sa mère.Lors du défilé haute couture printemps-été 2021, la jeune femme signe les bijoux des 19 silhouettes de la collection; de longues boucles d’oreilles mi earcuff, mi pendants en verre de Murano.
Et, coup de maître, Delfina apparaît sur le catwalk portant ses propres créations.
Les bijoux signatures de Delfina Delettrez chez Fendi
Si pour sa marque éponyme elle impose un style surréaliste très personnel, chez Fendi elle veut se faire rencontrer l’héritage et l’innovation et ce sont donc les archives de la maison qui lui inspirent ses créations, à l’instar du nouveau logo double FF.
Tout en cultivant son obsession pour l’or et le diamant blanc, elle s’évertue à ce que la joaillerie soit aussi novatrice, expérimentale, moderne et contemporaine que les vêtements présentés.
Francesca Amfitheatrof, designer bijoux chez Louis Vuitton
Après avoir décroché le diplôme du prestigieux Central Saint Martins de Londres et avoir effectué une maîtrise au Royal College of Art, la britannique d’origine russe et italienne commence à conseiller des marques de mode telles que Balenciaga, Chanel, Fendi ou encore Marni en concevant des bijoux et des accessoires.
En 2001, Francesca Amfitheatrof développe ses qualités d'orfèvre chez le joaillier de la couronne britannique Asprey & Garrard.
En 2013, alors qu'elle est curatrice du Musée Gucci à Florence, elle est appelée par Tiffany&co et devient la première femme directrice du design.
Un an après son arrivée, la collection T est lancée et le succès est au rendez-vous. Il en sera de même pour celles qui suivront, notamment la dernière Tiffany HardWear née en 2017.
Un an plus tard, elle est nommée directrice artistique des bijoux et des montres chez Louis Vuitton.
Elle imagine alors les très plébiscitées collections de haute joaillerie Riders of the Knight 2018, Stellar Times 2020 , Bravery en 2021 célébrant le 200ème anniversaire de la maison et Spirit en 2022 constituée de quelques 125 pièces.
Elle lance également les lignes de joaillerie fine LV Volt, BBlossom, Pure V, Vivienne Travellers, petites figurines ornées de cristaux faisant office de charm’s, mais offre également une nouvelle jeunesse à l’iconique collection Empreinte.
Les bijoux signatures de Louis Vuitton
Celle qui se décrit autant artisan que designer, jouit de la liberté offerte par la maison parisienne.
Si en haute joaillerie, elle mêle avec brio pierres de couleur exceptionnelles, inspirations de son choix et les codes de Louis Vuitton à l’instar du Monogram, pour la joaillerie fine elle propose des pièces à la fois modernes et graphiquement fortes.
On pense également à la collection LV Volt aux angles aigus et pensée pour être unisexe ou à BBlossom et sa fleur de Monogram mise à l’honneur.
Timothy Iwata Durie, designer bijoux chez Prada
Après quatorze mois tenus au secret, le nouveau directeur de la joaillerie, Timothy Iwata Durie, Miuccia Prada et Raf Simons, les co-directeurs artistiques de la griffe italienne, ont annoncé le lancement de la première collection de joaillerie Prada le 13 octobre 2022.
Baptisée "Eternal gold", cette ligne est aussi la première - dans le domaine du luxe - à n'utiliser que de l'or recyclé certifié à 100% et des diamants traçables.
"Toutes les étapes de la chaîne de production responsable de l'or et des diamants sont vérifiables et traçables, une prérogative exclusive", souligne Timothy Iwata Durie.
Arrivé en 2021 au sein de la maison italienne et auparavant directeur monde de l'innovation chez Cartier, il définit la joaillerie comme "émotionnelle" et désire que ces pièces puissent se transmettre de génération en génération.
Il revisite donc les formes classiques en leur donnant un sens contemporain, par le biais d'un savoir-faire où sont associés des technologies de pointe telle que la conception 3D, à un façonnage manuel d'une incroyable précision.
Au total, ce sont 48 pièces épurées aux volumes généreux qui sont proposées, en tout or et dotées de détails singuliers à l’instar d’un fermoir ingénieux ou d’un coeur bombé qui se prolonge en une surface oblique reprenant le triangle emblématique de la maison.
Les bijoux signatures de Timothy Iwata chez Prada
La durabilité. L’accent de cette première collection a été mis sur la certification et la traçabilité, attestant du long travail opéré par Timothy Iwata sur le terrain, auprès de ses fournisseurs.
Un engagement pour cet ancien banquier qui s’est passionné de technologie blockchain dès 2014.
Lorette Colé Duprat, designer bijoux chez Mugler
En 2019, trois ans seulement après avoir obtenu son diplôme en design, la créatrice française Lorette Colé Duprat commence à faire parler d’elle grâce à ses bijoux modulables et adaptables à toutes les régions du corps grâce à des mousquetons.
S’inspirant des codes de la lingerie et de l’accessoire, elle transforme des billes de métal ou d’acrylique en brassière, en string, en masque ou en faux ongles à l’univers futuriste.
C’est alors qu’elle se voit confier au pied levé la création des bijoux de la maison Mugler par son directeur artistique Casey Cadwallader.
Elle dispose alors de deux mois pour présenter une collection complète qu’elle compose de boucles d’oreilles et bijoux de cheveux imaginés à partir d’anneaux en métal et de longues chaînes pendantes. Le designer est séduit.
S’en suivent des créations mêlant sensualité, provocation et BDSM nées d’assemblages de perles multicolores rappelant des virus, d’épines faisant écho à des colliers de dressage… Le tout parfaitement en phase avec la nouvelle identité ultra sexy de la maison Mugler.
S’il ne s’agissait que de quelques saisons de collaboration et qu’elle développe son propre label, on peut s’attendre à ce que Lorette Colé Duprat continue d’apposer son empreinte chez Mugler ces prochaines années.
Les bijoux signatures de Lorette Colé Duprat
Des billes de métal, tissées en quinconce à l’aide de câbles en silicone d’après une technique indienne pour créer chokers, bralettes, strings, harnais… Qu’elle décline en perles d’acrylique parfois teintées.
Aussi, elle trouve dans le PMMA, un Plexiglas malléable à la chaleur, son matériau préféré.
Cette matière moulée en tubes sinueux de couleur qu’elle ponce, lui laisse en effet une marge de manœuvre appréciable dans la création de ses formes qu’elle façonne à la main pour en faire des bijoux de poignet, du cou ou d’oreilles.