Rien ne prédestinait Glenn Martens à une carrière dans la mode. Né à Bruges en 1983, le Belge est initialement attiré par l’architecture d’intérieur, qu’il étudie dans sa ville natale. Pourtant, en 2005, il rejoint l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, berceau de talents comme Dries Van Noten ou Martin Margiela.
Diplômé major de sa promotion, il en ressort avec une approche qui conjugue rigueur architecturale et expérimentation artistique, deux maîtres-mots qui signeront ses futures collections. Jeune designer, il entre chez Jean Paul Gaultier, pour qui il travaille sur les pré-collections féminines et la ligne masculine G2, affinant son œil pour le détail et sa compréhension des constructions complexes.
En 2012, il lance une marque qui porte son nom et présente trois collections à Paris. Bien que prometteuse, cette aventure stylistique s’interrompt rapidement lorsqu’une opportunité unique se présente.
De Y/Project à Diesel
En 2013, à la suite du décès de Yohan Serfaty, co-fondateur de Y/Project dont il a été l’assistant, Glenn Martens est invité à reprendre la direction artistique de la marque. Ce qui s’annonçait comme un défi devient une révélation. En quelques saisons, il transforme cette maison de vêtements masculins en une marque genderfluid auréolée de hype, mêlant influences Y2K, streetwear et audace conceptuelle.
Des célébrités comme Rihanna ou Beyoncé deviennent adeptes de ses pièces et contribuent à propulser la marque sur le devant de la scène internationale. En 2017, il remporte le prix de l’Andam, ce qui consacre son statut de jeune créateur visionnaire. Une ascension prodigieuse qui est couronnée d’un nouveau succès en 2020 quand Glenn Martens reprend les rênes de Diesel, la marque de denim emblématique, alors en quête de renouveau.
Avec sa vision subversive, il injecte une énergie nouvelle à ce mastodonte du denim transalpin, orchestrant notamment des défilés aussi mémorables que ses créations. Coupes sculpturales, jeux de transparence, sensualité assumée : Glenn Martens interprète le jean dans tous ses états, tout en signant des best-sellers qui – comme la fameuse minijupe ceinture – inondent les feeds des réseaux sociaux.
Vers de nouveaux horizons couture
En janvier 2022, (mini) coup de théâtre : Glenn Martens signe une collection haute couture unique pour Jean Paul Gaultier, qui depuis son départ à la retraite laisse le soin à des designers invités de concevoir sa ligne la plus prestigieuse. Cette collaboration, mêlant techniques artisanales et influences urbaines, illustre la capacité du créateur à naviguer entre des univers contrastés avec une aisance déconcertante. Un bel hommage à celui qui fut l’un des premiers à lui donner sa chance au début de sa carrière.
Autre annonce marquante en octobre 2024, Glenn Martens quitte Y/Project, quelques mois après le décès de Gilles Elalouf, cofondateur du label. Lors de son dernier défilé présenté un an plus tôt, il avait revisité ses propres archives à grands renforts de blousons déstructurés, de pantalons tire-bouchonnés et d’innombrables pièces aux matières innovantes qui témoignaient de son impact remarquable sur l’identité stylistique de la maison, dont la fermeture définitive a été annoncée début 2025.
Avec son approche architecturale du vêtement et son audace créative, celui qui est toujours à la tête de Diesel a été choisi en janvier 2025 pour reprendre les rênes de Maison Margiela, après le départ de John Galliano un mois plus tôt. Une nomination qui, au regard du parcours mode du couturier belge et de l’ADN de la maison fondée par l’un de ses modèles, est tout à fait logique. D’autant que Maison Margiela et Diesel ont un point commun de taille : les deux griffes appartiennent au même groupe, l’Italien OTB.