Boucles blondes XXL, fard à paupières exagéré et teint de porcelaine digne d’une poupée de collection : c'est métamorphosée en créature onirique que Gwendoline Christie a clos le défilé couture de Maison Margiela en janvier 2024, au terme d'une mise en scène théâtrale dont seul John Galliano — directeur artistique de la maison — a le secret.
Parée d’une robe corsetée aux relents Belle Époque, l'actrice américaine à la silhouette imposante a déambulé dans les allées de spectateur-rice-s installé-e-s sous le pont Alexandre III tout en reprenant les mimiques plus vraies que natures d’une figurine à laquelle on aurait subitement donné vie.
Une performance détonante qui n’a pas manqué de faire le tour de la planète, confirmant de surcroît le statut de muse auquel semble pouvoir prétendre Gwendoline Christie depuis une décennie.
Gwendoline Christie, la muse des couturiers
Il faut dire que l'actrice américaine n'en est pas à son coup d’essai. Selon le média WWD, la compagne et muse du créateur Giles Deacon revendique en effet quelques expériences de mannequinat, comme celles auprès de la photographe australienne Polly Borland.
Devenue célèbre grâce au rôle de Brienne de Torth dans la série Game of Thrones, elle est invitée par Vivienne Westwood à fouler le podium lors du défilé automne-hiver 2015-2016 de la marque, puis à poser pour sa campagne Unisex.
Elle est ensuite invitée à défiler par Tomo Koizumi automne-hiver 2019-2020 dans une silhouette grandiloquente digne d'un millefeuille de volants colorés puis par Miu Miu, pour la collection Croisière 2019, aux côtés d'autres amies de la maison comme Uma Thurman, Kate Bosworth ou encore Chloë Sevigny.
Performeuse née, elle est aussi choisie pour incarner, littéralement, une tenue conceptuelle de l’audacieuse Iris Van Herpen.
En 2023, elle fait une apparition magistrale au show de Thom Browne inspirée du conte de Cendrillon, défilant dans un look de "prince charmant" revisité.
Un style prodigieux
Outre ses apparitions remarquées, c'est aussi pour son allure à l'audace créative, entre fluidité genderless et ode à l'expression de soi, que Gwendoline Christie a su susciter l'attention du petit monde de la mode.
Et pour cause : à chacune de ses sorties publiques, l'actrice transforme le tapis rouge en un lieu de performance sur lequel elle met en scène ses différentes identités : une femme à la silhouette imposante, une femme aux traits androgyne et surtout une femme qui revendique son propre style vestimentaire à défaut d'avoir été acceptée par les canons de beauté mainstream.
Une instrumentalisation de la mode au-delà des diktats en vigueur sur les red carpets, qui tendent habituellement à faire des célébrités les ambassadrices implicitement nommées de maisons de couture en quête d’une forme subtile de publicité.
Peu étonnant, donc, que la comédienne s’associe aux créations d'Iris Van Herpen, Vivienne Westwood, Peter Copping ou encore Rick Owens lorsqu’elle doit choisir une tenue de soirée.
En 2023, elle fait ainsi honneur à son invitation au Met Gala en s’affichant dans une prodigieuse robe signée Gucci. Une création qui lui donne des airs de divinité grecque moderne, mêlant les codes du masculin et du féminin à la faveur d’une harmonie stylistique redéfinissant les codes en vigueur.
Un exemple d'inclusivité
Car au-delà d'un goût pour la mode témoignant d'une connaissance affutée de la création vestimentaire en tant qu'art à part entière, Gwendoline Christie se distingue aussi par sa capacité à mettre en valeur la singularité de sa silhouette dans un univers aux idéaux de beauté ultra stéréotypés.
Avec une taille d'1,91 m, l'actrice, à qui l'on a moult fois déconseillé de se lancer dans le métier en raison de son physique atypique, contribue à redéfinir les standards de la mode en faveur de celleux qui s'en sont longtemps senti-e-s exclu-e-s.
Un exemple d'inclusivité dont la comédienne a conscience. Gwendoline Christie n’hésite pas à profiter de ses interviews et de ses prises de paroles sur les réseaux sociaux comme autant d’occasions de se faire l’avocate de l’acceptation de soi et de la célébration des différences au sein de l’industrie de la mode.