"Lo-weh-vay". Si la prononciation du nom de la marque évoque à elle-seule ses origines castillanes, Loewe est en réalité hérité d’un nom 100% allemand, celui de son artisan-fondateur : "Enrique" Loewe Roessberg.
L’art de la maroquinerie
Dès 1872, ce spécialiste du cuir prend la tête d’une coopérative de maroquiniers, à Madrid, et se construit rapidement une honorable réputation auprès de la bonne société madrilène. Façonnant des sacs, portes-monnaies et autres précieux accessoires, la maison "E. Loewe" se distingue par des cuirs à la qualité rare, issus principalement des ovidés mais aussi du crocodile ou du serpent.
Un sens du savoir-faire hors du commun qui lui vaut en 1905 le titre convoité de fournisseur officiel de la cour espagnole dès le règne d’Alphonse XIII mais aussi les faveurs d’autres familles royales comme celle de la principauté de Monaco ou encore celle du Shah d’Iran.
Par ailleurs, Loewe poursuit tout au long de ce début de XXe siècle, inaugurant des boutiques luxueuses dans les quartiers chics de Madrid et Barcelone. Les révolutionnaires seventies marqueront la naissance du prêt-à-porter féminin et de la parfumerie, avant de conquérir le vestiaire masculin au début des années 80. La marque se déploie en Europe et en Asie, inaugure en 1989 son flagship rue Montaigne et rejoint 10 ans plus tard le redoutable groupe LVMH alors en pleine expansion.
C’est alors le début du bal des directeurs artistiques, de Narciso Rodriguez en 1998 à Stuart Vevers en 2008 en passant par José Enrique Selfa en 2002. En 2013, c’est l’irlandais Jonathan Anderson qui reprend les rênes artistiques de l’espagnole un brin endormie et la propulse en quelques saisons au rang de maison dans l’air du temps.
Le style Loewe
Élégante et racée, la silhouette Loewe se veut d’une sophistication féminine au luxe discret et épurée. Résolument cérébrales et volontiers élitistes, les collections de la maison madrilène présentent une mode minimaliste aux influences prolixes, mêlant artisanats de tout horizon et culture contemporaine.
Tantôt rigide intellectuelle, tantôt nomade aérienne, la femme Loewe fait la part belle aux designs prodigieux et aux matières nobles, comme la soie et le cuir. Sous l’impulsion de Jonathan Anderson, les vêtements comme les accessoires se font alors (presque) oeuvres d’art.
Le polymorphe sac Puzzle a ainsi été conçu pour se muer en différentes versions, au gré des envies, jusqu’à pouvoir s’aplatir complètement. On note également le succès des fameuses espadrilles d’ascendance espagnole, revues et corrigées par le designer, tout comme la popularisation de son logo, qui s’exhibe sur t-shirts et accessoires au même titre que les habituels tenants d’une logomania alors dans l’air du temps.
Au nom de l’art
Collectionneur d’arts avisés, Jonathan Anderson franchit les simples frontières stylistiques pour propulser Loewe dans l’univers artistique. S’inscrivant dans la digne lignée de la Fondation Loewe, institution culturelle créée en 1988 par le petit-fils du fondateur de la marque espagnole, Loewe lance dès 2016 son Prix d’Artisanat récompensant les travaux d’artistes aux oeuvres modernes et visionnaires.
La même année, une rétrospective sera dédiée à Vicente Vela, artiste qui signa en 1970 le célèbre logo de la maison en forme de 4 lettres L réfléchissantes. Quant aux "Casa Loewe", véritables écrins de luxe raffiné, elles se font - de Pékin à Miami - mi-boutiques, mi-musées, conjuguant le merchandising sur un mode culturel digne d’une galerie d’art contemporain.