Quel peut bien être le point commun entre Cléopâtre et Kylie Jenner ? Et entre Marie-Antoinette et Angela Davis ? Chacune à leur époque, chacune de leur façon et chacune pour leurs raisons, elles ont marqué l’histoire de la perruque.

Retour sur des millénaires de postiches et de symboles qui en disent long sur les femmes et leur relation à l’apparence.

1/6

La perruque carrée de Cléopâtre : une arme de séduction massive

Bettmann / Getty Images

Il y a bien des millénaires, la perruque constituait un élément phare du vestiaire égyptien. Comment ne pas penser à la reine Cléopâtre et à son fameux carré noir, orné de tresses et de bijoux ? Une perruque emblématique, confectionnée à partir de cheveux naturels, souvent ceux des esclaves.

À cette époque, tout le monde revêt des perruques et ce n’est pas tant le fait d’en porter qui donne une indication sur le statut social (comme ce sera le cas plus tard dans l’Histoire) mais plutôt la matière dans laquelle elles sont réalisées. En effet, les perruques en cheveux naturels sont destinées aux personnes aisées, tandis que les modèles en fibres végétales décorent les têtes des plus pauvres.

Sous ces postiches : des crânes rasés, l’Egypte antique associant les cheveux et les poils à la saleté. La perruque permet alors de protéger le cuir chevelu du soleil de plomb… mais pas seulement. "Les textes et les représentations ont révélé le caractère érotique de ces parures, apprend-t-on dans les Fun facts Histoires d'Art du Grand Palais. À l’image des bijoux et du maquillage, les Égyptiennes font de la perruque un atout essentiel pour séduire. Le geste de se coiffer serait d’ailleurs pour les Égyptiennes une façon de signifier l’envie de plaire et le désir à l’élu de leur cœur".

2/6

La perruque rousse d’Élizabeth 1er : un symbole d’affirmation

Getty Images / Handout

En Angleterre, après que le Moyen-Âge ait renié la perruque, la reine Élisabeth Ire enfile une perruque rousse qui tranche drastiquement avec sa peau blanchie à outrance par les fards. Pourquoi une telle couleur, jusqu’alors associée aux "barbares" ?

Le Monde apporte une explication dans un article dédié à la souveraine : "tout d’abord, [pour ancrer] dans les esprits sa filiation avec Henry VIII, de poil roux, coupant court aux accusations de 'bâtarde illégitime'. Par ailleurs, en s’affichant rousse, seule contre toute coutume, elle renforce son statut d’exception, et par là son image de ‘reine vierge'".

3/6

La chevelure extravagante de Marie-Antoinette : une allure de haut standing

Everett Collection / Abaca

À la cour de Versailles, la perruque est un signe de prestige. Elle marque l’appartenance à une classe noble et à des fonctions élevées dans l’organisation sociale. Mais c’est aussi une belle parade pour dissimuler la calvitie qui touche ces Messieurs à la suite de diverses maladies, la mode étant aux cheveux longs.

Louis XIII, Louis XIV, Louis XV… La perruque coiffe l’aristocratie pendant un long moment, jusqu’à Louis XVI, époux de la coquette Marie-Antoinette. De son côté, la princesse autrichienne porte aussi des perruques imposantes, qui s'élèvent très (très !) haut sur la tête. Un assemblage de cheveux naturels (les siens) et d’ornements en tout genre, recouvert de poudre pour un rendu uniforme. Pesant souvent très lourd, les perruques obligent alors à marcher bien droit : parfait pour conserver une posture élégante et une allure de "lady". 

Puis, la Révolution Française passe par là, les têtes tombent, et les perruques considérées comme des symboles de l’Ancien Régime avec…

4/6

La coupe afro d’Angela Davis : la perruque coiffée au poteau

Klaus Rose/dpa/ABACAPRESS.COM

Bond dans l'histoire pour rejoindre la militante des droits civiques aux États-Unis Angela Davis. À la fin des années 60, sa coiffure afro s’impose comme un symbole de lutte contre la société ségrégationniste et une invitation à s'affranchir des standards de beauté occidentaux qui ont injustement stigmatisé les cheveux crépus, poussant les femmes noires et métissées à lisser leur cheveux… ou à porter des perruques.

Longtemps, la perruque a effectivement fait partie des normes de beauté influencées par l'héritage du colonialisme. Comme le rappelle le média de culture urbaine belge Tarmac dans une vidéo animé par la chroniqueuse Yveline Umuhoza : à l’époque de l’esclavage, les propriétaires exigeaient que les esclaves gardent leur cheveux impeccables et arrangés sous peine de châtiment, considérant les cheveux crépus comme synonymes de pagaille et de saletés.

Les chevelures afro étaient ainsi coupées ou cachées sous des foulards, et les populations ont alors intégré la haine de leurs cheveux jusqu’à la transmettre inconsciemment à leurs descendances. Pour tenter de coller aux canons de beauté de la société occidentale, porter des perruques s’est souvent avéré être plus pratique que passer des heures à défriser ses cheveux.

Depuis plusieurs années, les femmes noires et métissées se réapproprient leur identité et leur nature de cheveux, encouragées par des mouvements tels que le nappy hair incarné par Angela Davis, et par tant d’autres célébrités d’aujourd’hui : Beyoncé, Zendaya, Alicia Keys… Un retour au naturel, qui n’empêche pas pour autant de porter des perruques, par simple envie de changer de look et d’affirmer sa personnalité.

5/6

La perruque rose de Kylie Jenner : un accessoire de mode à part entière

Wong Roger / ABACA

Sur les réseaux sociaux comme sur les tapis rouges, la perruque s’impose sur la tête de toutes les filles en vogue. À commencer par Kylie Jenner, adepte de l’accessoire depuis plusieurs années puisqu’elle déclarait déjà en mai 2016 à Marie Claire US : "J’ai commencé à porter des perruques et maintenant tout le monde en met". C’est vrai, de nombreuses personnalités lui ont emboîté le pas comme sa propre sœur Kim Kardashian, ou encore Emily Ratajkowski et Iris Mittenaere. Mais la perruque avait déjà fait fureur sur le tapis rouge avant Kylie Jenner, notamment grâce à Lady Gaga et Katy Perry. 

L’avantage des perruques ? Pouvoir s’amuser et multiplier les looks sans abîmer ses cheveux. Parfois avec des couleurs flashy qui permettent d’être vue et se démarquer, et parfois avec des perruques bluffantes de naturel que nul ne saurait détecter au premier coup d'œil.

6/6

La perruque rousse de Caroline Receveur : la tête haute face à la maladie

Pour les personnes qui ont perdu leurs cheveux à la suite d'un traitement anticancéreux ou à cause d'une alopécie, il est en effet possible de trouver des perruques de très haute qualité, indétectables et faciles d’entretien.

Une excellente nouvelle - à un détail près que leur prix reste très onéreux - pour celles qui sont malheureusement confrontées à la maladie et qui souffrent de se sentir moins féminines après une chimiothérapie.

Bien sûr, il est essentiel de souligner que certaines femmes ne ressentent pas le besoin de revêtir une perruque, ou qu’elles s’y refusent par acte militant, pour lever les tabous autour de la maladie et ne plus se soumettre à ce qui apparaît comme la normalité sociale. Important de dire aussi que l’on peut passer de l’un à l’autre, du crâne nu à la perruque, comme l’influenceuse Caroline Receveur, qui se bat contre un cancer du sein depuis plusieurs mois et qui s’affiche tantôt parée d’une sublime perruque rousse, tantôt le crâne rasé

Un grand merci à Michel Messu, Professeur honoraire de sociologie et membre du Centre PHILéPOL (Philosophie, Épistémologie, Politique) de l'Université de Paris, auteur de Un ethnologue chez le coiffeur, aux éditions Fayard pour son éclairage précieux.

La Newsletter Style

Tendances, conseils, et décryptages, recevez toute l'actualité mode et beauté.