Considérée comme la créatrice de mode la moins conventionnelle et la plus engagée de l'industrie, Vivienne Westwood est devenue célèbre à la fin des années 70, lorsque ses premières pièces ont influencé le style vestimentaire punk rock.
Tout au long de sa carrière, elle a été considérée comme la reine du secteur et les collections qu'elle a pu concevoir au côté de son troisième mari, le designer autrichien Andreas Kronthaler, restent gravées dans la mémoire collective.
Vivienne Westwood, créatrice punk
Vivienne Westwood — née Vivienne Isabel Swire en 1941 — est élevée dans la ville anglaise de Glossop, dans le Derbyshire. Elle connaît des débuts modestes, loin de la vie mondaine londonienne : son père est cordonnier, tandis que sa mère permet à la famille de subvenir à ses besoins en travaillant dans une usine de coton locale.
Avant d'être connue pour ses vêtements provocateurs, Vivienne Westwood travaille comme institutrice et épouse Derek Westwood en 1962. En 1965, cependant, tout change : suite à son divorce, la jeune femme rencontre puis s'installe avec Malcolm McLaren, alors étudiant en arts plastiques et futur manager du groupe punk les Sex Pistols.
Avec ce partenaire, elle est initiée à un nouveau monde de liberté créatrice tandis qu'elle découvre le pouvoir que l'art a sur le paysage politique. Le couple devient rapidement un duo créatif et étend l'influence du mouvement punk des années 1970 à la mode.
Dans un premier temps, Vivienne Westwood et Malcolm McLaren montent Let It Rock, un stand de vente de vêtements vintage d'occasion des années 50.
Par la suite, iels confectionnent en autodidactes des vêtements basés sur les idées provocatrices de la future designer : leurs T-shirts personnalisés, déchirés et ornés de slogans anti-establishment tout comme leurs pantalons bondage (des pantalons noirs à bretelles inspirés des costumes sadomasochistes) affichent rapidement sold out sur les étals de la boutique londonienne que le couple acquiert en 1971.
Ce magasin, d’abord nommé Too Fast to Live, puis Too Young to Die, Sex, et enfin Seditionaries, est un haut lieu de la mode nouvelle génération. Leur approche érotique enrage cependant la presse britannique de droite.
En 1981, Vivienne Westwood et Malcolm McLaren présentent Pirates, leur première collection de prêt-à-porter. Bien qu'iels aient mis fin à leur relation personnelle peu après leurs débuts dans la mode, iels sont resté-e-s des partenaires professionnel-le-s jusqu’à la fin des années 80.
Pourtant, très vite, Vivienne Westwood établit son identité en tant que créatrice indépendante.
L'effondrement des Sex Pistols et l'appropriation du mouvement punk par le grand public la laissent néanmoins désenchantée : en 1980, elle rebaptise sa boutique Worlds End.
Naissance de l'empire Westwood
La mini-crini de Vivienne Westwood — une crinoline en tweed ressemblant à une minijupe qui a été dévoilée dans le cadre de sa collection printemps-été 1985 — marque un véritable tournant dans la carrière de la désormais quarantenaire.
Pendant les deux décennies suivantes, Vivienne Westwood crée des collections résolument contemporaines qui puisent leurs inspirations dans les esthétiques païennes et royales, ainsi que dans la peinture classique, notamment les tableaux de Jean-Honoré Fragonard, de François Boucher et de Thomas Gainsborough.
Les costumes historiques britanniques la poussent à explorer le style Anglomania : à cet effet, Vivienne Westwood assume son penchant particulier pour la tournure du XIXe siècle, qu’elle incorpore sous des robes en maille et des jupes en tartan.
Durant cette période, les héroïnes de Vivienne Westwood, ex-punks déjantées, portent des vêtements qui parodient la classe supérieure. Ce qu'elle fait elle-même avec un certain humour.
En 1989, fidèle à son irrévérence légendaire, la créatrice décide ainsi de provoquer les instances dirigeantes de son pays avec audace. Lors d'un incident célèbre, elle imite Margaret Thatcher sur la couverture du magazine britannique Tatler. Avec son brushing, son costume Aquascutum, sa paire de gants et son collier de perles, elle ressemble à s'y méprendre à la personnalité britannique dont elle abhorre la politique.
Un coup d'éclat qui permet à Vivienne Westwood d'entrer dans la légende, elle qui jusque dans les années 2000 construit son propre empire avec des collections pour homme et femme, des vêtements de mariée, des chaussures, des bas, des lunettes, des foulards, des cravates, des produits de beauté et des parfums.
Le 1er avril 2004, c'est la consécration institutionnelle : une rétrospective au Victoria and Albert Museum de Londres dédiée à ses créations marque une nouvelle étape dans sa carrière. Vivienne Westwood : 34 ans de mode est de facto la plus grande exposition que le musée ait jamais consacrée à une créatrice britannique.
Dans la foulée, celle qui a été nommée officier de l'Ordre de l'Empire britannique (OBE) en 1992 est promue Dame Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (DBE) en 2006.
Les années passant, Vivienne Westwood met son penchant pour l’historicisme de côté et revient à une coupe plus asexuée, qui explore la dynamique naturelle du tissu en le traitant comme une masse vivante. Ce qu'elle retranscript dans ses collections avec une savante combinaison de flou et de tailleur.
En 2016, une page se tourne. Alors que son mari Andreas Kronthaler, un ancien étudiant qu'elle a épousé, est devenu en toute discrétion son bras droit et son directeur de la création, Vivienne Westwood décide de saluer son influence sur la collection Gold Label en rebaptisant la ligne Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood.
Six ans plus tard, le 29 décembre 2022, la créatrice iconique s'éteint, laissant derrière elle une empreinte durable dans l'histoire de la mode. En cinquante ans, elle a su s'imposer à l'avant-garde en explorant, à travers ses collections de vêtements, des engagements politiques et sociaux tels que la crise climatique, le désarmement nucléaire et les droits civils, notamment celui de la liberté d'expression.