Un nouveau concept voit le jour en France depuis plusieurs mois : les instituts de beauté pour enfants. Des salons esthétiques dédiés pour la plupart aux 3-12 ans qui n'ont rien à envier aux instituts classiques pour les adultes.
Au programme : soins du visage, manucures, pédicures, massages et même épilations. Un phénomène qui s'inscrit dans la continuité du phénomène "Sephora Kids", ces enfants de plus en plus jeunes qui s'intéressent aux derniers produits de beauté sortis par les marques.
Face à cette montée en puissance de salons de beauté pour enfants, la Société Française de Dermatologie (SFD) et la Société Française de Dermatologie Pédiatrique (SFDP) alertent le grand public quant aux risques liés à ces nouvelles pratiques.
"Il n'y a aucune 'routine beauté' à conseiller chez l'enfant"
Dans un communiqué partagé lundi 3 février 2025,la SFD et la SFDP partagent leurs inquiétudes sur l'utilisation de cosmétiques sur les plus jeunes.
Elles rappellent qu'"il n’existe pas à ce jour de réglementation définissant les cosmétiques spécifiquement destinés à l’enfant" et qu'il "existe seulement des substances et ingrédients interdits chez l’enfant".
Et précisent par ailleurs les risques habituels que comportent les cosmétiques pour la peau : la sensibilisation allergique, les irritations non allergiques et la photosensibilisation (sensibilisation à la lumière solaire). Elles évoquent également la pose d'ongles artificiels, déconseillés avant l'âge de 16 ans par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
En dehors de maladies dermatologiques, la peau de l’enfant est une peau qui n’est ni trop sèche, ni trop grasse, ni rouge, ni ridée, et qui ne nécessite rien d’autre pour son entretien courant qu’une toilette à l’eau avec un produit nettoyant doux, en rinçant et en séchant bien, afin de respecter la fonction barrière de la peau, précisent la SFD et la SFDP.
Et de poursuivre : "Il n’y a aucune 'routine beauté' à conseiller chez l’enfant, en dépit de messages marketing largement diffusés."
Un potentiel impact sur le développement de l'image de soi
Les deux entités n'en restent pas là et tirent la sonnette d'alarme concernant les conséquences psychologiques que ces pratiques peuvent avoir sur le développement de l’image de soi chez l'enfant. "L’érotisation de l’image de l’enfant est ainsi banalisée de façon préoccupante", écrivent-elles.
Interrogée par Marie Claire en janvier 2024 à propos des "Sephora Kids", Laurence Corroy, Professeure des universités à l'université de Lorraine, directrice de recherche au CREM, spécialisée en sciences de l’information et de la communication, soulevait les mêmes inquiétudes sur cette gestion du corps performative très prématurée.
"Elles se disent qu’il faut s’occuper de leur peau le plus tôt possible, avec sans doute l’illusion qu'elles ne vieilliront pas. Il y a un rejet systématique du vieillissement dans notre société, alors même que nous sommes dans des sociétés vieillissantes. Or, le vieillissement du corps est biologique et il est le même pour tous.tes."