Pendants d'oreilles homards, bracelet chauvesouris, créoles singes, crânes pavés de pierres aux couleurs de drapeaux, vos bijoux sont surdimensionnés, baroques, ultra-précieux. Vous semblez ne rien vous interdire…

En effet, j'ai du mal à me canaliser. Je suis mes désirs : tout peut devenir bijou. Souvent je pars d'une couleur, comme celle de l'opale bleue qui évoque les fonds marins. Ou de différentes pierres rouges (rubis, rubellites, spinelles) pour la collection L'Impératrice Rouge, où les créations font référence à la grande Catherine de Russie, au film de Sternberg avec Marlène Dietrich, mais aussi au pays des soviets.

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Je peux m'inspirer du surréalisme et imaginer les pendants homards qui évoquent Salvador Dalí, ou me souvenir d'un voyage en Ethiopie qui m'a fascinée et dont j'ai interprété les paysages, les différentes ethnies, les religions… Je n'intellectualise pas les sujets.

Vous êtes scientifique de formation, original pour une créatrice de joaillerie…

J'ai un diplôme de biochimie à l'Ecole nationale de chimie. J'ai travaillé dans la recherche en enzymologie, puis pendant dix ans dans un centre anticancéreux. Un jour, je me suis offert une montre ancienne qui est tombée à l'eau. Je l'ai portée à réparer Au vase de Delft, l'antiquaire qui me l'avait vendue. J'y suis retournée plusieurs fois et nous avons sympathisé, j'ai fini par travailler dans la boutique et passer un diplôme de gemmologie.

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Quand avez-vous dessiné vos premiers bijoux ?

J'ai commencé en 1985, lorsque je me suis installée dans ma boutique.
Je vendais des bijoux anciens ainsi que quelques-unes de mes créations.
Mes pièces ne rencontraient pas un franc succès auprès des clients, mais en revanche la place Vendôme s'en inspirait. J'ai compris que je devais oser développer des collections complètes susceptibles d'exprimer mon univers,
ce que j'ai fait dès 2005.

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Qu'est-ce qui vous fascine dans les pierres ?

Le travail de la nature, un miracle qui s'est opéré sous terre il y a des millions d'années. A l'intérieur de chaque pierre il y a de la vie : de l'eau, du gaz, des inclusions de cristaux, du chlorure de sodium (du sel) dans certaines émeraudes.





Article paru dans Marie Claire 781, daté de septembre 2017.