Du rôle de Jod dans Seinfeild à Tonya dans The White Lotus : on aime Jennifer Coolidge depuis le jour 1 tant elle nous fait rire et nous donne la permission de rire d'elle. Désormais soixantenaire, l'actrice américaine revient sur le devant de la scène hollywoodienne en grande pompe.
Récompensée pour la première fois de sa carrière lors des Emmy Awards et des Golden Globes 2023, la comédienne mériterait aussi un prix pour son style si singulier.
Zoom sur le style d'une late bloomer qui fait du bien à pop culture et à la mode.
Jennifer Coolidge, un ovni à Hollywood
Depuis les nineties c'est dans des comédies que Jennifer Coolidge exprime son talent en acceptant des rôles décalés, voire insolites. C'est avec le film American Pie (1999) qu'elle connaît la gloire en se glissant dans la peau de la mère de Steven Stifler. Elle incarne alors le fantasme de la "MILF" rarement illustré au cinéma.
Pour ce rôle pivot, il lui faut une aura aguicheuse. Alors côté garde-robe, elle est bien aidée par des mini robes courtes à décolleté pigeonnant et des soutiens-gorge apparents.
C'est peut-être le seul rôle flatteur qui est accordé à celle qui, à ses débuts, a entendu dire de la bouche d'un agent qu'elle n'était pas assez jolie pour faire carrière dans cette industrie.
Jennifer Coolidge mesure 1,78 m, elle a une silhouette plantureuse et "a toujours été un peu potelée", juge-t-elle dans les colonnes du site Page Six en 2021. Elle se fait remarquer par sa personnalité gauche et ce manque de confiance en elle qu'elle dissimule à moitié.
Résultat ? Elle fait office d'ovni à une époque où les actrices les plus en vue s'appellent Uma Thurman, Charlize Theron et Renée Zellweger... Des stars qui correspondent aux normes de beauté de l'époque et qui ont près de 10 ans de moins qu'elle.
Pour autant, ses singularités séduisent les directeur-rice-s de casting qui lui confient bientôt des rôles sur-mesure. L'Américaine incarne alors des personnages de second plan, mais les costumes qui lui sont attribués, eux, ne manquent jamais de crever l'écran.
Les looks de Jennifer Coolidge à l'écran
Le parfait exemple ? Lorsqu'elle incarne Paulette Bonafonté dans La revanche d'une blonde (2001). Cette prothésiste ongulaire timide ne paye pas de mine à côté de son amie et experte de la mode Elle Woods — jouée par Reese Witherspoon. Mais ce qui attire l'attention des spectateurs, c'est sa personnalité et ce look particulier.
Elle porte des vêtements étriqués d'un style étrangement régressif qui donne l'impression d'avoir été empruntés à une adolescente.
En 2004, c'est une entrepreneuse beaucoup plus affirmée que Jennifer Coolidge interprète sur le petit écran dans la série 2 Broke Girls. Là, elle chausse les souliers d'une bimbo 2.0 qui lit des magazines de mode et adore se parer de toilettes extravagantes.
Un point commun que Sophie Kachinsky partage avec Tanya McQuoid dans la série HBO The White Lotus (2020).
Le caractère de cette femme riche et esseulée a intrigué les spectateur-rice-s dans la saison 1. Dans la saison 2 ? En plus de sa tenue rose à la Peppa Pig, ses toilettes sophistiquées inspirées de la mode italienne ont captivé l'audience. D'autant qu'il est rare de voir un personnage de plus de 50 ans s'amuser avec la mode à l'écran.
Pensez aux héroïnes qui ont du style dans les films et les séries : de Clueless à Sex & The City, ces productions montrent généralement des adolescentes ou des jeunes femmes qui ne dépassent pas la trentaine.
Bien installée dans ses personnages gentiment désaxés, Jennifer Coolidge a contribué à créer une nouvelle représentation. Elle rend visible les personnes qui se cherchent intérieurement au point que leur quête se ressent vestimentairement et celles qui abordent la mode avec un autre regard.
C'est aussi pour ces raisons que les costumes portés par Jennifer Coolidge dans la fiction, qu'ils soient volontairement de mauvais goût ou non, sont si importants.
L'évolution mode de Jennifer Coolidge
La Jennifer Coolidge de fiction a souvent nourri la Jennifer Coolidge de la vraie vie. Dans les années 2000, la native de Boston adopte un style off duty extravagant : robes bandage, manteaux bordés de fourrure à motif léopard, robes moulantes... Un mélange entre Jeanine Stifler et Sophie Kachinsky.
Mais c'est son style de pin-up bien à elle que l'actrice adore plus que tout. Ses robes corsetées fétiches dévoilant sa poitrine ont fait d'elle une bimbo 2.0.
On ne parle pas du cliché sexiste de la blonde longiligne, dotée d'une poitrine généreuse et d'un Q.I proportionnellement inverse. Jennifer Coolidge, elle, n'a que la blondeur comme point commun avec la bimbo originelle. Pour sa part, c'est une femme puissante et intelligente, qui s'autorise des tenues sexy alors que les "bonnes" mœurs voudraient des femmes habillées de vêtements amples et couvrants une fois passée la barrière des 40 ans.
Après les années 90-2000 qui l'ont vu percer à l'international, celle qui a joué dans le film Comme Cendrillon s'est mise en retrait.
2019. Elle réapparaît à l'écran dans le clip "thank u, next" d'Ariana Grande et recréé une scène emblématique du film La revanche d'une blonde. "J'étais en train de stagner [dans sa carrière, ndlr] et tu as fait bouger les choses pour moi", a souhaité faire savoir l'actrice à la chanteuse américaine.
Un an plus tard, elle endosse le rôle de Tanya McQuoid dans The White Lotus et la suite est connue de tous-tes. De plus en plus présente dans le paysage médiatique, toutes ses apparitions sont remarquées.
"Je pense qu'être beau, c'est surcoté."
En janvier 2022 à l'avant-première du film Shotgun Wedding, elle rejoue la bimbo 2.0 dans une robe midi semi-transparente à froufrous et décolleté. Un style qu'elle assume malgré les propos grossophobes de certains médias qui se permettent encore aujourd'hui de publier des articles questionnant l'épaisseur de son ventre.
"Je pense qu'être beau, c'est surcoté. C'est une bonne chose pour les gens qui sont beaux et je suis heureuse pour eux, mais ça ne vous sort pas de la misère", a déclaré la star dans une interview donnée au magazine People.
Alors elle reste fidèle à son look signature et étoffe son catalogue mode avec des tenues Saint Laurent et Dolce & Gabbana d'autant plus raffinées. En assumant son unicité, Jennfier Coolidge montre la voie dans cette société encore régie par des diktats qui nécessiteront encore plus de rôles modèles pour être déconstruits.