Du 12 au 15 octobre 2023 se tenait à Hyères le Festival International de mode, photographie et accessoires qui récompense chaque année la nouvelle génération d'acteurs de la mode.

Plus qu'un moment de réunion festif, ce festival créé par l'enfant du pays Jean-Pierre Blanc rappelle à chacun.e  la nécessité de découvrir et soutenir les jeunes créatifs. 

Parmi les partenaires d'envergure - dont Chanel, Hermès ou encore American Vintage - on découvre également l'Alliance du lin et du chanvre européens.

Une présence qui rappelle à tou.te.s que la mode ne serait rien sans son point de départ : la matière.

La jeune création à la redécouverte du lin européen

Ils étaient 10 finalistes à présenter leur collection lors du Festival d'Hyères dans l'espoir de remporter l'un des cinq prix.

Parmi eux, six étaient soutenus dans leurs créations par l'Alliance du lin et du chanvre européens.

On note notamment le travail du créateur français Fengyuan Dai dont la collection "Équi-Libre" travaillait avec poésie cette matière versatile, Igor Dieryck créateur belge qui collabore avec des acteurs locaux et a donc vu comme une évidence son utilisation de cette matière écoresponsable.

Nous pourrions également citer la collection "A Poem: City" du créateur coréen Bo Kwon Min dont l'exploration du noir laisse tout le loisir de se concentrer sur la matière, en l'occurrence un lin qu'il a su transformer.

Depuis 2012, l'Alliance du lin et du chanvre européens au travers du festival, les nouvelles générations de professionnels de la mode.

En 2022, elle a renforcé cet engagement en devenant l'un des partenaires officiel du Grand Prix du jury Première Vision.

À travers ce prix, le lauréat - en l'occurrence Igor Dieryck - bénéficie d'une dotation de matières premières en lin européen, mais aussi d'un accompagnement dans la création de ses collections, notamment celle qu'il présentera lors de l'édition 2024 du Festival. 

"Cela fait partie de nos objectifs de toujours aller chercher l'innovation et de le faire au travers de jeunes talents qui repoussent les limites du lin. Cela nous permet de les sensibiliser eux ainsi que les prescripteurs influents de l'industrie", explique Chantal Malingrey, directrice Marketing et Communication de l'Alliance du lin et du chanvre européens rencontrée lors de la 38è édition du festival.

Elle ajoute : "Ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce festival, et dans les propositions de ces designers, c'est qu'on ne s'imagine pas à quel point ils peuvent transformer la matière et on le voit notamment au niveau des accessoires. Sur la mode, aussi, tous ceux qui l'ont utilisé sont parmi les finalistes et l'ont interprété d'une manière à laquelle nous n'aurions pas forcément pensé. C'est ce qu'il y a de magique et nous pousse à continuer".

Si beaucoup n'ont au préalable que peu de connaissance de cette matière, tous finissent par comprendre et vouloir utiliser cette matière dont les propriétés thermorégulatrices, les qualités environnementales ainsi que les capacités d'adaptation sont encore trop peu connues.

Chantal Malingrey : "Ils découvrent également que le lin offre des solutions en termes de création de tissage, qu'on peut le porter tout au long de l'année, qu'il se mélange parfaitement à d'autres matières naturelles... À chaque édition, ces créateurs sont surpris. Notamment de voir qu'il s'agit d'un savoir-faire européen, avec une capacité de traçabilité et des possibilités étonnantes en termes de création".

Le lin ou le retour à la matière comme point de départ

Dans un monde et une industrie où tout va très vite et où la place des célébrités et de l'image a pris une importance majeure, on oublie trop souvent de parler des savoir-faire.

Difficile, il est vrai d'intéresser le grand public à ces questions qui peuvent sembler niches, mais, à l'heure où la volonté de créer une industrie de la mode qui saurait se montrer plus éco-responsable s'affirme de part et d'autre, important malgré tout de rappeler que la mode n'est rien sans sa matière première.

"De la part des consommateurs, il y a une envie de savoir d'où vient le produit, comment il est fabriqué et - à l'instar de la cosmétique - le besoin de pouvoir répondre à la question : "Qu'est-ce que je mets sur ma peau et quel impact cela peut avoir sur l'environnement", observe Chantal Malingrey. "Les matières naturelles utilisent beaucoup moins de produits chimiques, ont donc moins d'impact sur la peau comme sur la planète. Les nôtres sont également certifiées European Flight ce qui garantit l'origine du produit cultivé".

Matière végétale dont on retrouve la trace jusqu'à l'Antiquité, le lin est ce que la directrice marketing et communication nomme une "fibre marginale" puisqu'elle ne représente que 0,5 % de la production mondiale de fibres.

De quoi laisser place à une meilleure connaissance de ces propriétés auprès des marques comme des consommateurs.

Une silhouette issue de la collection d'Igor Dieryck, lauréat du Prix Première Vision 2023

Raison pour laquelle l'Alliance du lin et du chanvre européens multiplie depuis plusieurs années des collaborations avec d'autres institutions culturelles dans la mode, notamment le Palais Galliera, musée de la mode de Paris, au travers de sa récente exposition "Une histoire de la mode qui permettait de jeter un regard neuf sur ses archives.
Chantal Malingrey : "Le lin a une histoire. Il y a un vrai héritage et le fait d'être partenaire nous permet aussi de montrer l'ancrage qu'a le lin dans l'industrie et tout ce qu'il a pu lui apporter".

Pour confirmer cette histoire centenaire, l'Alliance du lin et du chanvre européens vient de publier aux éditions Actes Sud "Le lin, fibre de civilisation(s)". Un ouvrage édité par Alain Camilleri qui retrace cette histoire majeure.

Au cœur de ce livre, un chapitre entier consacré à la génération contemporaine. De Giorgio Armani à Simon Jacquemus en passant par Martin Margiela, Jean Paul Gaultier et Lemaire, ils sont nombreux dans la mode à avoir su percevoir les vertus de cette matière unique.

Selon un rapport de la plateforme Tagwalk "quinze pour cent des nouveaux créateurs inscrits au calendrier des défilés ont utilisé le lin dans leurs collections printemps/été 2022, contre 12 % pour la même saison en 2021 et 5 % en 2020".

Portée par la nouvelle génération de consommateurs et de créateurs de mode, l'histoire du lin n'est pas arrivée à sa dernière page.