Exit la girl next door que l'on découvrait au hasard d'un marché fermier d'Europe de l'Est, d’un aéroport bondé outre-Atlantique ou d’une terrasse de café du Marais ! Désormais, la mode est une affaire de famille. C'est du moins ce que laissent penser les nouvelles générations de supertops qui ont non seulement hérité d'un capital génétique avantageux, mais aussi d’un patronyme reconnu dans toute l’industrie.
Sur l'état civil de celles qui squattent aussi bien les catwalks que les feeds Instagram de leurs millions d’abonné-e-s, on peut lire Hadid, Moss, Cleveland, McMenamy et autres noms familiers.
Des "nepo babies" en somme, ou comme on dit en France, des "filles de", qui loin de renier leurs privilèges socioculturels, en ont fait une arme redoutable pour s’offrir une carrière dans le mannequinat et son univers impitoyable.
Présentations.
Yolanda, Bella et Gigi Hadid, la sainte trinité
Après ses années de règne sur les podiums des années 80, Yolanda Hadid a passé le flambeau à ses filles, mais pas sans leur donner une solide éthique de travail.
Alors que Gigi fait ses premières apparitions en 2016 avec Desigual à la Fashion Week de New York, Bella marchera dans ses pas avant de décrocher en 2022 le titre de "Model of the Year". En seulement quelques années, les deux sœurs monopolisent les défilés des plus grandes maisons de couture, tout en s'érigeant en it girls suprêmes d'une génération biberonnée aux réseaux sociaux.
Le secret de leur succès ? Pas juste une question de look ou de nom de famille, mais bel et bien une certaine forme d’authenticité. Les deux mannequins n’hésitent pas à se confier publiquement sur leurs difficultés en coulisses, leurs problèmes de santé ou encore à revendiquer leurs convictions politiques.
Une philosophie qui a visiblement porté ses fruits, puisque Gigi et Bella figurent aujourd’hui parmi les mannequins les mieux payées du monde.
Cindy Crawford et Kaia Gerber, la beauté en héritage
Quand on est la fille de Cindy Crawford, icône des années 90 et supermodel consacrée, la barre est haute. Pourtant, dès ses 10 ans, Kaia Gerber fait ses débuts pour Versace Young, avant d'ouvrir le défilé Calvin Klein printemps-été 2018 et devenir par la même occasion la nouvelle obsession mode de toute une industrie.
La jeune adolescente, qui ressemble à s'y méprendre à sa top model de mère, enchaîne les contrats, sillonne les Fashion Weeks des quatre grandes capitales de la mode et rafle dans la foulée le titre de Model Of The Year en 2018. Mais là où Cindy Crawford était l'incarnation même d'une société américaine ultra stéréotypée (notamment avec les célèbres pubs Pepsi dont elle était l’égérie), Kaia Gerber, elle, joue la carte d’une modeuse plus cérébrale et minimaliste.
Le très sérieux New York Times titrait même, en mars 2020 : "Kaia marche dans les pas de sa mère, mais trace sa propre route." Et ce n’est que le début.
Estelle Lefébure et Ilona Smet, la French touch
Figure emblématique du mannequinat français dans les années 80-90, Estelle Lefébure semble avoir aussi transmis son élégance naturelle à sa fille Ilona Smet, née de son union avec David Hallyday en 1996. À peine vingtenaire, cette dernière foule en 2017 quelques podiums de la Fashion Week parisienne tout en décrochant peu après sa première campagne pour l’enseigne de lingerie Etam.
Malgré un arbre généalogique connu de toute la société française, Ilona Smet semble affirmer très tôt son souhait d'être reconnue pour son propre talent de mannequin… Et non son ADN.
D'ailleurs, en dehors des podiums et shootings, elle se tourne également vers d'autres formes d’art, comme la photographie, bien loin des projecteurs de la mode et autres arts de la scène.
Pat et Anna Cleveland, le catwalk dans la peau
Dans les années 70, Pat Cleveland bouleverse les codes d’une industrie de la mode peu ouverte à la diversité, en s’imposant comme l'une des premières top models noires à percer sur les podiums européens. Sur le catwalk de Valentino, Halston ou encore Yves Saint Laurent, elle opte pour un style presque théâtral, rafraîchissant, qui vient apporter un nouveau souffle au métier même de mannequin.
Peu étonnant, donc, que sa propre fille Anna décide de suivre la même carrière que son icône de mère et opte, par la même occasion, pour une approche tout aussi créative de son métier. C'est simple, chacune de ses apparitions s’apparente à de véritables performances artistiques.
À 30 ans, Anna Cleveland peut déjà se targuer d'avoir défilé pour les plus grands noms du luxe, et en 2020, elle rejoint sa mère pour un final bluffant chez Jean Paul Gaultier. Ou quand fouler le catwalk se mue en art vivant.
Jerry Hall et Georgia May Jagger, rock'n'star
Jerry Hall, icône des années 70 et muse d'Andy Warhol, a marqué la mode de son glamour hollywoodien, entre silhouette de pin-up, cheveux dorés et trait de rouge à lèvres emblématique. Pourtant, sa fille cadette, Georgia May Jagger, née en 1992 de son union avec Mick Jagger, ne se contentera pas de vivre dans son ombre.
Dès ses débuts pour Hudson Jeans en 2008, Georgia May Jagger impose son sourire décalé, sa nonchalance presque punk et sa silhouette aux antipodes des canons de beauté "ultra skinny" de l’époque. En 2011, elle devient égérie Rimmel, puis enchaîne les campagnes pour Vivienne Westwood et Chanel tout en collaborant avec des marques plus accessibles comme Minelli.
Une décennie qui lui permettra de se faire un nom, auprès d'une Gen Z ultra connectée qui n'a que faire de ses parents.
Faire oublier son statut de nepo baby ? C’est peut-être aussi cela, être rock’n’roll !
Kate et Lila Moss, une histoire de relève
Ce n'est pas un scoop : Kate Moss, c'est la mannequin suprême, celle qui a littéralement redéfini la mode dans les années 90 et les codes de beauté qui vont avec.
Repérée à l’aéroport JFK de New York à seulement 14 ans, elle devient rapidement l’incarnation du style heroin chic, collabore avec Calvin Klein, Alexander McQueen et jette les bases d’un nouveau paradigme dans l’univers impitoyable du mannequinat. Aujourd'hui, c'est sa fille, Lila, qui reprend le flambeau.
En 2021, elle fait ses débuts sur les podiums, défilant pour Fendi et Versace lors de la Fashion Week de Milan avant de conquérir les trois autres capitales de la mode. Mais contrairement à sa mère, souvent sous le feu des projecteurs pour ses frasques en tout genre, Lila semble préférer garder la tête froide et se tenir à l’écart de l’attention médiatique. "Never complain, never explain" comme disait sa mère.
Kristen et Lily McMenamy, la singularité pour ADN
La Britannique Kristen McMenamy incarne, dans les années 90, une forme de rébellion face aux diktats imposés par la fashion sphère. Cheveux gris avant l’heure, silhouette anguleuse, démarche singulière, elle bouleverse alors tous les standards du mannequinat.
Sa fille, Lily McMenamy, suit à son tour une voie similaire, défiant les conventions avec une allure unique. Pour Marc Jacobs, Jean Paul Gaultier ou Vivienne Westwood, elle fait de chaque passage sur le catwalk une véritable déclaration artistique, continuant — comme sa mère — de défier les normes traditionnelles de la beauté tout en forgeant sa propre identité.