Marie Claire : Vous avez défilé pour la première fois en mars lors de la Fashion Week de Paris. C'était une envie de longue date ?
Emma Reynaud : Défiler m'a longtemps semblé antinomique avec mon idée de départ pour Marcia puisque je voulais créer un vestiaire de pièces intemporelles adaptées à la vie des femmes.
Et puis, en pensant aux clientes notamment, j'ai eu envie de montrer la marque autrement.
Plus que des photos et des vidéos, le défilé permet de raconter un univers, une histoire et toute la collection était disponible immédiatement sur l'e-shop, en mode "see now, buy now".
Vous avez travaillé avec des revendeurs avant de recentrer la commercialisation sur votre e-shop. Pourquoi ce choix ?
Certains distributeurs passent d'énormes commandes dont les stocks sont ensuite soldés.
Tout le contraire de Marcia, puisque nous ne bradons pas les collections. Je veux créer des pièces qui soient portées et pas seulement une fois pour une soirée.
Je préfère créer des vêtements fonctionnels. D'ailleurs nos modèles emblématiques ont été copiés par des marques de fast fashion.
Vous dites ne pas vous voir comme une designeuse. Comment vous définiriez-vous ?
Plutôt comme une directrice artistique et une entrepreneuse dont la mission est d'habiller le plus de filles possible !
Miuccia Prada évoquait récemment la complexité, pour une femme, de créer des vêtements, car nous nous sentons moins légitimes. Cela fait réfléchir.
J'ai été mannequin pendant dix ans avant de faire quelques missions de stylisme. J'ai compris qu'en dehors du luxe et de la fast fashion, on ne trouvait pas de vestiaire pour sortir.
Ainsi est née en 2018 la Tchikiboum, cette robe ouverte sur le côté en Lycra recyclé, à la fois souple et gainante.
Je l'ai pensée comme une pièce un peu chic à porter sur un pantalon... elle a tout de suite cartonné sans rien en dessous !
Désormais, j'étends le vestiaire avec des combinaisons mais aussi des costumes corsetés.
Vos collections se portent près du corps. Quel regard portez-vous sur la diversité des morphologies ?
La Tchikiboum a demandé plusieurs mois de développement pour tomber aussi bien sur une taille 34 que 44... même si elle va mieux à celles qui ont des formes.
Pour mon premier défilé, j'ai choisi des morphologies très différentes.
Mes amies Leïla Bekhti et Adèle Exarchopoulos ont accepté de poser pour mes campagnes réalisées par un autre proche, Pierre-Ange Carlotti. Et je refuse toute retouche sur les photos.
Mon père était photographe de mode. Je me souviens de ses heures passées à rendre parfaites des femmes qui étaient déjà sublimes. C'était complexant pour la petite fille que j'étais.
Vous aimez jouer avec les codes du sexy mais en apportant du second degré. Pourquoi ?
Je suis arrivée sur les braises du mouvement #MeToo, en plein boom festif post-Covid. En 2023, on peut porter une robe sans culotte... parce qu'on a envie de le faire !
Évidemment, c'est une esthétique sur le fil, à prendre au second degré, mais j'aime bien jouer avec les codes établis.
Dans la collection Marcia printemps-été 2023, il y a un imprimé très bourgeois avec des chaînes, mais en s'approchant, on comprend que ce sont des nunchakus sur lesquels est écrit "Not your baby".
Je suis fascinée par l'image de ces femmes à la fois sexy et très violentes, comme dans La Mariée était en noir de François Truffaut, qui a inspiré Kill Bill de Quentin Tarantino, le film féministe par excellence.
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