Si Sex & The City est souvent citée comme la série mode culte des années 2000, comme Une Nounou d'enfer a pu l'être pour les années 90, Gossip Girl est celle qui a marqué le milieu des années 2000.
Sortie trois ans après le clap de fin de la bande de Carrie Bradshaw, en 2007, elle nous amenait à la rencontre de la jeunesse dorée de Constance Billiard, école fictive de l'Upper East Side, prise à partie par "Gossip Girl", stalker anonyme qui divulgue sur les réseaux sociaux leurs secrets et leurs doutes.
Une parenthèse bling et un brin irréaliste qui offrait à un répit non-négligeable à l'atmosphère étouffante du post-11 septembre et a su capter son public un an avant que la crise des sub-primes ne nous fasse un peu détester les riches (il faut le dire.).
Et si Gossip Girl a pu s'étendre sur 5 saisons, c'est avant tout parce qu'elle a su s'imposer comme une référence de pop culture à travers des personnages iconiques et leur garde-robe qui l'est tout autant.
Blair, Serena, Jenny... les premières influenceuses ?
On reconnaît une série iconique à la manière dont les gens s'identifient à ses personnages. Des années après la fin de Sex & The City en 2004, il est toujours possible de se décrire en fonction de si on se sent plutôt Samantha, Charlotte, Miranda ou Carrie.
Il en va exactement de même pour Gossip Girl qui, contrairement au show lancé par HBO en 1998, avait décidé de montrer des personnages féminins qui s'opposent. Fini les brunchs, les fous rires et les échanges à coeur ouvert sur le sexe et les relations amoureuses, dans l'Upper East Side, on est plutôt robes Couture, méfiance et couteaux dans le dos.
Une vision de l'adolescence assez banale dans la fiction mais qui a su trouver, à travers trois personnages, tout son mordant. En premier, Blair Waldorf, héritière, queen bee, redoutablement intelligente, revancharde et classiste. Serre tête vissé dans une chevelure impeccablement bouclée, elle se rêve en princesse de new-york moderne. Pensez Audrey Hepburn armée d'un Blackberry et d'une langue acérée.
C'est ce personnage qui démocratisera le style preppy, look phare des classes supérieures américaines qu'arborent de nombreux universitaires de la Ivy League. Tout au long de la série, nombreuses seront celles à la prendre pour modèle au point que les rayons de magasins, la fast-fashion en tête, consacrerons à ce style de nombreux rayons.
Un an avant l'élection du couple Obama à la présidence américaine, c'est aussi elle qui nous met en tête l'idée de power couple ou "couple du pouvoir". L'idée ? Contrôler, avec sa moitié, le monde façon Minus et Cortex... Les millions de dollars et le dressing en plus. Autant que son look, c'est donc son couple aussi toxique qu'intriguant avec Chuck Bass qui fera d'elle un personnage incontournable.
En deuxième position, Serena Van der Woodsen, la Marissa Cooper de l'Est américain. Sous son apparence solaire et vulnérable, se dresse une véritable nemesis de Blair Waldorf qui sait user de son charme pour obtenir ce qu'elle veut. Contrairement à sa Frienemy (contraction de "friend" (amie) et "enemy" (ennemie), Serena est de celles qui osent. Côté style, on retient d'elle les robes courtes et moulantes - très chics - autant que les pièces lose et décontractées.
Dans son vestiaire, on passe de l'un à l'autre comme pour témoigner de sa fluidité stylistique. Car, contrairement à Blair, Serena ne se sent pas concernée par les jeux de pouvoir, notamment parce qu'elle sait qu'on le lui confiera naturellement avec aisance. C'est ce qui lui permet de faire un pas de côté sans qu'il ne lui en soit tenu rancune.
Indécise, capricieuse et parfois vengeresse, Serena c'est un peu la femme fatale qui refuse de toujours tenir ce rôle. Côté mode, on lui doit la mise en avant du maxi bag, des bottes cavalières, de la maxi robe d'été et du layering frondeur.
Arrive pour conclure Jenny Humphrey qui, contrairement aux deux premières, ne vient pas d'une famille de la classe supérieure et est prête à tout pour appartenir à leur cercle.
Si au début de la série, on la découvre innocente, au fil des épisodes et des saisons, elle prend en assurance et finit par se perdre dans le rôle de la mean girl avant de prendre le contre-pied, jouant les adolescentes rock.
Passionnée de mode, timide et des rêves plein la tête, ce personnage a permis à de nombreuses personnes de s'identifier à elle, de ne plus avoir peur de partir à la recherche de qui ils sont. Car c'est ce qui fait du personnage de Jenny un personnage culte de l'adolescence : une quête insatiable de son identité, une capacité à faire des erreurs et à rebondir pour finalement trouver sa place dans le monde.
Finalement, on peut considérer que ces trois icônes de la pop culture font partie des premières influenceuses digitales au même titre qu'une Tavi Gevinson - qui est d'ailleurs au casting du reboot de Gossip Girl- ou d'une Coco Rocha, premier mannequin à avoir embrassé les réseaux sociaux - Tumblr à l'époque.
Après tout, à l'instar des influenceuses, Blair, Serena et Jenny ont poussé, dans leur sillage, des milliers de personnes de par le monde à adopter leurs looks.