** Attention, cet article contient des spoilers **
"Cela a dû vous demander beaucoup de courage d’apparaître nue à l’écran avec votre morphologie ?", demandait une journaliste il y a quelques jours lors d'une conférence à l’actrice Nicola Coughlan.
Ce à quoi, celle qui incarne le personnage de Penelope Featherington dans la série La Chronique des Bridgerton (Netflix), a répondu non sans une pointe d’humour : "Vous savez, c’est dur parce que je pense que les femmes avec ma morphologie - les femmes avec des seins parfaits -, nous n’avons pas l’occasion de nous voir souvent à l’écran et je suis très fière de faire partie du club des seins parfaits."
Cette réflexion arrive presque une semaine après que Netflix a dévoilé la deuxième partie de la saison 3 de la série, et fait écho à une scène intime - renommée la "scène du miroir" - durant laquelle Penelope Featherington et Colin Bridgerton font l’amour pour la première fois.
Une scène forte et importante qui participe à la représentation des femmes à l'écran, notamment dans un contexte de désir.
La "scène du miroir" de Penelope Featherington, libératrice et novatrice
Dans Bridgerton, les scènes de sexe sont fréquentes. Et pour la plupart très classiques. Mais quand Penelope Featherington fait tomber sa robe face au miroir avant d’avoir une relation sexuelle avec son partenaire Colin Bridgerton, il n’y a rien de classique.
On observe la jeune femme redécouvrir son corps face à son reflet, en douceur. Les images, sublimes, montrent les cuisses de Penelope, sa poitrine, ses hanches, son ventre… On remarque, non seulement le désir de son partenaire évoluer au fur et à mesure qu’il découvre son corps, mais on voit surtout une femme aimer et se sentir à l’aise avec.
Si cette scène est si importante, c’est aussi parce qu’il s’agit d’une volonté de la part de l’actrice. En mai dernier, elle confiait au Stylist UK : "Il y a une scène dans laquelle je suis complètement nue devant la caméra, et c’était mon idée, mon choix. C’était juste le plus gros ‘va te faire foutre’ que je pouvais dire dans toute cette conversation autour de mon corps, c’était incroyablement valorisant en tant que femme. Je me suis sentie belle à ce moment-là et je me suis dit : ‘Quand j’aurai 80 ans, je veux revenir sur ça et me rappeler à quel point j’étais sexy !’".
Et d’ajouter : "C’était un véritable défi. C’était terrifiant. C’était cathartique. C’était un million et une chose. J’ai adoré."
Une scène body-posi saluée par le public
Il n’y a pas que l’actrice pour qui cette scène a eu un effet libérateur. Le public, lui aussi, a accueilli cette séquence plus que positivement. "Pouvons-nous parler d’à quel point il est rafraîchissant de voir une personne plus size romancée et considérée comme désirable et présentée dans des scènes torrides sans que ce soit une horrible blague", écrit une utilisatrice sur TikTok. "Jusqu'à présent, tout dans cette saison est incroyable."
Un constat auquel de nombreuses autres internautes adhèrent : "Ayant été une jeune femme dans les années 90, cela me rend heureuse de voir que les jeunes femmes ont une femme plus size à qui s’identifier", écrit une autre en commentaire.
Au-delà de cette scène, c’est toute cette nouvelle saison de la série qui propose un casting hyper inclusif, que les fans applaudissent. "Cette saison de Bridgerton s'adresse aux filles à forte corpulence qui ont toujours été présentées dans les médias comme des potiches et jamais comme des héroïnes, a écrit une internaute sur X. Elle s'adresse aux femmes plus size qui méritent d'être représentées comme sexy, désirables et aimables. Cette saison signifie beaucoup."
La représentation de tous les corps sur le petit écran : un mouvement en évolution
Cet élan de "fraîcheur" dont témoignent les adeptes de la série n’est pas anodin. Pourquoi ? Simplement car les personnes qui ne font pas un 34-36 sont, dans la plupart des séries ou au cinéma, invisibilisées ou font l’objet de clichés.
Celles qui font une taille considérée comme "plus size" par la société sont généralement réduites au rôle de "la bonne copine", de "la copine drôle" ou bien celle que personne ne veut, la femme "plus size" ou "grosse" trouve difficilement sa place sur le petit comme sur le grand écran.
Mais les choses bougent au fil des années. De plus en plus de films et de séries célèbrent la diversité corporelle sans se concentrer uniquement sur le poids.
On se souvient bien évidemment du personnage principal de la série Girls (2012) - Hannah Horvath - interprétée par Lena Dunham. La série Shrill (2019) met elle aussi en scène une femme grosse voulant changer sa vie sans que son poids soit au centre de l'intrigue.
La série This Is Us (2016) place également au centre de l’histoire le personnage de Kate Pearson - incarnée par Chrissy Metz - une femme grosse ayant une vie amoureuse, une carrière et des problèmes personnels au-delà de son poids, même si elle évoque souvent ce dernier.
Quand on sait que 66 % des Français.es regardent une série au moins une fois par semaine et 92 % en regardent régulièrement, la représentation de tous les types de corps féminins est d’autant plus une nécessité.