Dès le début des années 2000, la révolution numérique a modifié l'approche de la beauté. D'abord avec le e-commerce et les réseaux sociaux, puis avec des propositions plus pointues, telles les premières applications smartphone à utiliser pour se maquiller virtuellement, comme Makeup Genius lancée par L'Oréal Paris en 2014. Cet outil ludique a marqué un tournant dans l'ère du maquillage.

Depuis, la technologie n'a cessé de progresser, donnant naissance à la "beauty tech". "Le terme est apparu en 2018 chez L'Oréal", précise Béatrice Dautzenberg, directrice des services Beauty Tech du groupe. Ces techniques de pointe permettent de repousser les limites de la beauté, la rendant davantage personnalisée, plus inclusive et plus durable. Pour preuve, des acteurs majeurs de la cosmétique sont présents au salon Viva Technology depuis plusieurs années, et les grands groupes intensifient leur investissement dans des start-up de la tech.

Des diagnostics cutanés et capillaires plus précis 

En boutique – le Skin Screen chez Lancôme, la Ioma Sphere chez Ioma, le Skinscope ou le Visia chez Skin Ceuticals – ou à domicile – avec des applications smartphone, des QR Code comme mySkinDiag chez MyBlend, ou des sites Internet avec SkinConsultAI chez Vichy –, les outils de diagnostic sont de plus en plus ciblés. 

"Grâce à des bases de données, des atlas de peau divers et inclusifs dont les images sont annotées par des dermatologues, et à de nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle, les diagnostics de peau et les prescriptions de routines beauté sont encore plus précis. C'est ce que l'on appelle la beauté pour chacun, ultra-personnalisée avec la beauty tech", explique Béatrice Dautzenberg.

En s'intéressant aux problématiques de déshydratation, de taches, de relâchement, on peut proposer des soins mieux adaptés, et donc offrir des résultats plus performants à chaque personne. Les diagnostics s'étendent aussi au domaine capillaire, avec notamment l'arrivée dans les salons de coiffure Kérastase de K-Scan, une caméra intelligente pour le cheveu et le cuir chevelu. En détectant les rougeurs, les pellicules, les brèches du cheveu, elle permet de mieux diagnostiquer et traiter chaque problématique. "Enfin, ces services guident également les femmes et les hommes dans leurs achats quand ils se font dans les circuits de distribution en self-service", ajoute l'experte.

Les outils d'essayage virtuel, par exemple, peuvent aider à choisir un produit de maquillage ou de coloration en supermarché. Ils sont accessibles notamment grâce à des QR Code. L'Oréal Paris ira même encore plus loin avec Beauty Genius, un assistant beauté personnalisé alimenté par l'IA et disponible 24 heures/24. Son lancement est prévu en 2025.

Une beauté inclusive et pratique

Si se maquiller est un geste banal pour la plupart des femmes, il devient quasiment impossible pour celles qui souffrent de handicap, et notamment de troubles de mobilité de la main. La technologie a permis de réaliser une prouesse : créer un applicateur de maquillage portable et informatisé. Baptisé Hapta, cet outil, développé en collaboration avec la société américaine Verily et Lancôme, a été présenté au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, en 2023.

Après avoir été mis à la disposition de plus de 300 personnes, dont certaines associations, ce "bras magnétique" devrait bientôt être commercialisé pour s'inviter dans les salles de bains et rendre possible l'application du mascara et du rouge à lèvres chez les personnes qui, jusqu'à présent, ne pouvaient pas être autonomes dans ces gestes.

Pour celles dont le manque de dextérité n'est pas lié au handicap, mais à un manque de savoir-faire, les outils les plus pointus offrent un super coup de pouce. À l'image de ColorSonic de l'Oréal Paris, un appareil de coloration. Cette brosse électronique, déjà vendue aux États-Unis, permet d'appliquer sa colo de façon homogène, sans ratés. Elle fonctionne avec des cartouches de produit à insérer avant la pose de la couleur.

Le boom des LEDs

C'est la technologie qui a le vent en poupe. Connue pour ses vertus thérapeutiques, la photo-biomodulation utilise aussi la lumière pour sa capacité à améliorer l'apparence de la peau. Déjà présente en cabinet médical et en institut, la technique se déploie sous forme d'appareils domestiques – avec toutefois un coût qui demeure important.

Il y a quatre ans, lors de son lancement, Lightinderm était assez précurseur avec son instrument combinant la lumière (association de différentes longueurs d'onde), les ingrédients photo-actifs et l'action mécanique du massage pour réparer, renforcer et restructurer la peau. Aujourd'hui, les Leds se déclinent surtout sous forme de masque full face ou local, à poser simplement sur le visage.

"Les différentes longueurs d'onde ne pénètrent pas de la même façon dans la peau", explique Bérengère Dumain, ingénieure chimiste spécialisée en cosmétique. Avec sa longueur d'onde de 451 nanomètres, la lumière bleue reste en surface et aide ainsi à traiter les imperfections. La lumière rouge pénètre plus en profondeur, avec une longueur d'onde de 633 nanomètres. Elle a une action anti-âge. Enfin, la lumière proche infrarouge, de 830 nanomètres, stimule la production de collagène et d'élastine, et aide à réduire taches et imperfections.

Les Leds intégrées dans des casques sont aussi efficaces pour favoriser la pousse des cheveux, puisque les Leds rouges activent les follicules pileux et permettent ainsi de relancer la croissance.

La miniaturisation des techniques

Les appareils que l'on trouvait autrefois exclusivement dans les cabinets des dermatologues ou dans les instituts de beauté les plus pointus se déclinent désormais dans des versions de poche et s'invitent dans nos salles de bains. Moins puissants que les machines des professionnel.les, ils peuvent être utilisés en toute sécurité.

Parmi les technologies qui font le buzz, les micro-courants, qui aident à lutter contre les signes de l'âge. Ils dopent la circulation et stimulent les muscles, afin de raffermir le visage et lifter les traits. On retrouve aussi la radiofréquence, qui chauffe les couches profondes de la peau pour stimuler la production de collagène, lisser les rides et gagner en fermeté. L'épilation n'est pas en reste avec la lumière pulsée, devenue un incontournable au rayon des épilateurs.

Enfin, la beauty tech est aussi idéale pour stimuler l'action des soins. Le Nano Oxygen Device est une petite révolution dans son genre. Cet outil s'inspire de ceux utilisés dans les rituels en Hair Spa (soin capillaire complet). Il suffit d'y insérer des sérums ou boosters Flora (ou n'importe quelle autre substance liquide pour les cheveux, le visage ou le corps) pour qu'il les diffuse sous forme de brume ultra-fine. La répartition est uniforme et l'absorption optimale.

Autre innovation, un appareil calqué sur le microneedling (soin réalisé avec un petit rouleau composé de micro-aiguilles) développé pour amplifier la performance du Rénergie H.C.F. Triple Serum de Lancôme, qui a été présenté au dernier Salon Viva Technology. Sortie prévue en 2025.

Article publié dans le magazine Marie Claire n°867, décembre 2024.