Le phénomène est d'ampleur : depuis l'an dernier, les "Sephora kids" envahissent les rayons cosméto et les réseaux sociaux. Ces enfants et pré-adolescentes férues de produits de beauté et aux routines skincare plus élaborées que celles des adultes inquiètent. Les parents bien sûr, mais aussi les dermatologues. Loin d'être innocente, cette pratique pousse certaines jeunes filles à utiliser des produits inadaptés pour leur (trop) jeune peau.
En Californie (États-Unis), le député démocrate Alex Lee prend le phénomène très au sérieux. L'homme politique a déposé un projet de loi visant à interdire la vente de soins anti-âge aux mineurs, rapporte le Los Angeles Times.
Rétinol, vitamine C et acide glycolique interdits aux mineurs
"Les enfants de 10 ou 12 ans ne devraient pas avoir à se soucier des rides. La tendance virale de Sephora Kids est une stratégie marketing bien plus efficace que celle que n’importe quelle entreprise pourrait se permettre. L’industrie multimilliardaire profite volontiers de cette tendance, même si elle admet et sait elle-même que ces produits ne sont pas sans danger pour les enfants", a-t-il déclaré au média californien.
Le député américain, qui dit souhaiter "envoyer un message fort à l'industrie cosmétique" avec ce texte, avait déjà présenté une version de son projet de loi en mai 2024. Elle visait à interdire la vente de produits anti-âge aux consommateurs.rices de moins de 13 ans.
Les produits concernés par ce projet de loi seraient les crèmes et autres sérums à base de vitamine A et ses dérivés, à savoir le rétinol et les rétinoïdes, de puissantes molécules anti-rides. Les produits contenant de l'acide alpha-hydroxy, telle que l'acide glycolique, l'acide ascorbique (vitamine C) et l'acide citrique, seraient également interdits à la vente pour les moins de 18 ans.
Ces actifs, certes efficaces pour gommer les rides, taches et imperfections, ne sont en aucun cas destinés aux enfants, qui risquent des dommages cutanés sévères telles que des brûlures, irritations, une photosensibilisation à la lumière et des réactions allergiques.
"Sephora kids" : les professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme
Légiférer pour endiguer le phénomène des "Sephora kids" peut paraître extrême, pourtant les professionnel.les de santé sont de plus en plus nombreux.ses à s'inquiéter. Et pas seulement outre-Atlantique.
En France, la Société Française de Dermatologie (SFD) et la Société Française de Dermatologie Pédiatrique (SFDP) publiaient un communiqué le 3 février 2025 pour alerter le grand public sur l'ouverture d'instituts de beauté pour enfants.
Au-delà de la consommation de produits de beauté inadaptés, c'est aussi l'exposition des jeunes filles sur les réseaux sociaux qui pose ici question. Au même titre que les adultes, elles s'affichent face caméra pour présenter leurs routines make up, haircare ou skincare dans des Get Ready With Me (GRWM), s'exposant alors à plusieurs dangers.
Interrogée par Marie Claire à ce sujet,Laurence Corroy, Professeure des universités à l'université de Lorraine et Directrice de recherche au CREM, énumérait ces risques : dysmorphophobie, gestion du corps performative prématurée, cyberharcèlement, contact avec des adultes aux intentions malveillantes...