Promenade de nuit dans un jardin fleuri. Sur fond sombre, des parterres de fleurs brodées ou imprimées. La fraicheur d'une éclosion mariée au danger et au mystère de l'obscurité, comme se marient les matières et les textures: broderies en volumes, jeux de transparences, motifs contrastés. Comme dans un jardin anglais, il n'y a pas ici de ligne droite, tout est dans la courbe, la diagonale, le repli qui cache et révèle. Des robes paysagées en somme…
Retour à la nature
Chez Dior, c'est la tendresse et le danger, gaze qui dévoile la poitrine, lunettes qui cachent le regard. Prada joue de la même transparence, mais ici plus technique, plus agressive presque, difficile à cerner en tout cas. Valentino nous entraîne dans une de ces valses romantiques dont Pierpaolo Piccioli a le secret, la touche de gothique printanier en plus. Le manteau richement brodé de Burberry est une une invitation au voyage et à l'orientalisme. Philip Lim fait dans le patchwork avec une pointe de rétro 90's, tandis que Balenciaga met en scène son habituelle working-girl déjantée, en route cette fois pour un weekend en amoureux.
Les designers ont-ils reçu le dont de lire l'avenir atmosphérique? Avec l'été étrange et humide que nous avons eu, la nature s'est fendue en début d'automne d'un second printemps. Plus âpre, sans la fraicheur des commencements, mais généreux d'une floraison hors saison. On croirait que ce sont les mêmes fleurs, douces et jolies, mais déroutantes, comme tout ce qui n'est pas à sa place. Telles des femmes qui vont là où on ne les attend pas, leur séduction est vénéneuse, leur charme étrange est irrésistible.