14 juillet 2019, avenue des Champs-Élysées, la traditionnelle parade militaire. Au rythme des tambours, des trompettes et des clairons, les élites de l'armée française défilent en uniforme de cérémonie. Durant cette grande célébration, les esthètes et les observateurs noteront un détail vestimentaire : les épaulettes, qui indiquent le grade de chaque soldat. Quelques mois plus tôt, durant les semaines de la mode féminine, des épaulettes d'un tout autre genre sont omniprésentes sur les podiums des défilés. Déclinées de plusieurs façons, souvent dissimulées dans les rembourrages du vêtement, elles traduisent différentes intentions.
"Lorsqu'on la situe dans la mode, plutôt que parler "d'épaulettes", je préfère parler "d'épaules renforcées". Son équivalent anglais pourrait être padded shoulders", note Frédéric Monneyron, écrivain et sociologue de la mode.
Chez Balenciaga, l'épaule est ainsi exagérément arrondie, comme une enveloppe protectrice. Chez Givenchy, Clare Waight Keller propose une épaule hyper carrée qu'elle prolonge en surpiqûres sur les manches d'un manteau de cachemire. En contraste avec une taille marquée, elle est large et futuriste chez Louis Vuitton. Tandis que chez Bottega Veneta et Haider Ackermann, elle est rigide et conquérante, donnant aux mannequins des allures de pasteurs, de motardes ou de samouraïs.
D'ailleurs, cette dernière inspiration n'est sûrement pas anodine. Il faut remonter au XIIe siècle, et rejoindre le Japon pour découvrir que l'épaulette tient son origine dans le kamishimo, un costume traditionnel qu'arborent les guerriers samouraïs. Portée par-dessus le kimono, cette impressionnante parure bleu myosotis en tissu plié accentue fièrement la ligne des épaules.