“La plastique, c’est fantastique ! ” chantait Elmer Food Beat à l’aune des années 1990. Presque trois décennies plus tard, ce refrain has been illustrant l’hégémonie de la sacro-sainte matière synthétique semble encore inspirer les designers en vogue, avec l’outerwear et l’accessoire pour terrains de prédilection.

La folie plastique

C’est ainsi que chez Fendi, le plastique s’anoblit sous les traits de crayon de feu Karl Lagerfeld, qui pour son dernier défilé pour la marque italienne, imaginait un élégant trench en PVC transparent relevé de cuir couleur café. À l’inverse, Jeremy Scott le décline pour Moschino dans une version pop un brin bariolée tandis que Simone Rocha élève l’imperméable en caoutchouc au rang de pièce couture pour Moncler, couvrant ce dernier de délicates roses brodées. Même les chausseurs Roger Vivier, Jimmy Choo et Louboutin déclinent leurs mythiques escarpins dans des versions PVC. Enfin, rappelons que l’hiver dernier, ce sont d’authentiques sacs en épais plastique transparent qui revêtaient les logos Burberry, Céline ou encore Balenciaga, chacun étant en moyenne vendu pour la somme modique d’un demi-SMIC.

Une tendance toxique ?

Exit le luxe ostentatoire donc, l’heure est au renversement de stigmate pour des matières, des coupes, des vêtements qui, jusqu’alors, étaient jugés trop prosaïques pour intégrer les plus prestigieuses collections de prêt-à-porter. Le sweat à capuche, la doudoune, le cycliste deviennent des objets de désir à part entière, tout comme les teintes fluo ou le-dit PVC. Seul bémol pour ce dernier ? Il est plus ou moins en train de ravager Mère Nature, et plus précisément les océans. “C’est l’une des matières les plus nocives pour l’environnement. La production de PVC génère en effet des déchets chlorés dangereux, dont certains sont inévitablement rejetés dans l’environnement. De plus, le PVC en lui-même contient souvent des additifs comme les phtalates, un groupe de produits chimiques toxiques pour la faune et la flore sauvages, mais aussi pour l’homme.” explique Trisha Brown, chargée de campagne chez Greenpeace, au site américain WhoWhatWear. La militante rappelle également que le plastique est déjà présent dans la composition de nombreux textiles utilisés dans l’industrie de la mode, comme le polyester, le nylon, ou encore l’organza.

Des alternatives eco-friendly

Un état des lieux préoccupants, sur lequel certains créateurs en vogue souhaitent agir. C’est ainsi que Yolanda Zobel, nouvelle directrice artistique de Courrèges, a annoncé “la fin du plastique” et s’est engagée à ne plus faire produire les iconiques pièces en vinyle qui ont fait le succès de la maison. De son côté, la très médiatisée Marine Serre a présenté pour le printemps-été 2019 une collection “Hardcore Couture” réalisée entièrement à partir de matières recyclées, parka en plastique compris. De son côté, la plus green des créatrices, Stella McCartney, présente cette année une nouvelle ligne d’accessoires en “non-PVC”, présentant le même “look & feel” que leurs équivalents en plastique transparent.

Des initiatives remarquables mais qui, au-delà de leurs bonnes intentions, continuent de véhiculer auprès du grand public l’idée d’une esthétique plastique désirée et désirable, qu’il est de bon ton de s’approprier… et d’imiter. Car malgré leurs mots d’ordre “anti-fast fashion”, ces créateurs et créatrices auréolés de hype ne sont pas sans savoir que leurs modèles en PVC, aussi recyclés et “clean” soient-ils, seront sans nul doute copiés massivement par des enseignes accessibles au commun des mortels, rarement soucieuses de préserver l’environnement. Elle est peut-être aussi là, la responsabilité des célèbres créateurs de mode.